Lydie Arickx a été invitée à investir le Château de Biron sur plus de 1600 m². Elle centre l’exposition sur le conte à travers deux thématiques étroitement liées à ce lieu : la Forêt et le Château. Plus de 500 oeuvres sont présentées au public (dont une grande part inédite) dans l’ensemble du monument.
Avant même de pénétrer le château, des empreintes de pas de géant nous indiquent le chemin à suivre… ou plutôt, nous préviennent de ce que nous risquons de découvrir… il est temps de mettre de côté nos peurs d’enfants à la lecture des contes où les ogres mangeaient les enfants et se laisser porter par l’abondante profusion d’œuvres, peintures, sculptures, installations.
Chez Lydie Arickx, peintre et sculpteur, l’art se pratique avec sincérité et dans une véritable performance. Pour cette exposition et plus d’une année de préparation, l’artiste a métamorphosé le lieu avec une appropriation des espaces inattendue.
« Quand j’étais petite, il y avait une forêt à côté de notre maison et un château qui s’appelait le château de Gros Bois en région parisenne. Lors de nos promenades, notre mère adorait jouer à me perdre en se cachant derrière les plus gros arbres de l’allée qui menait au château.
Notre rencontre avec Biron s’imposa comme une évidence. Le Château, tel un colosse sur son promontoire qui domine la forêt alentour comme une mer qui moutonne à l’infini, a fait resurgir en moi tous les feuillets du conte. Aujourd’hui, « Tant qu’il y aura des ogres », c’est un peu mon histoire, le rapport avec ces terreurs d’enfants qui nous poursuivent au détour de la vie. »
La forêt sans cesse en mouvement, endroit métaphorique autant que physique, est le lieu de toutes nos peurs et fantasmes. La forêt est ce ventre sauvage et mystérieux, indomptable et tentaculaire que l’on retrouve si souvent pour ne pas dire quasi systématiquement dans les contes les plus connus. Il est l’endroit de l’instabilité et du mouvement perpétuel où l’on se perd pour mieux se (re)trouver, le lieu l’on perd ses repères et ou l’endroit devient l’envers.
La forêt fait souvent opposition au château, lieu de prestige, de civilisation et de lumière. Le lieu immuable du pouvoir, des festivités et de l’opulence. Le château est ce repère fort et robuste, comme un phare dans la nuit, un ancrage qui traverse les âges et qui tel un roc protège et conforte ses occupants. Le château évoque aussi la cour, où prince et princesse exhibent fièrement de somptueuses parures, bijoux et étoffes immaculées.
Lorsque l’on pense château, on imagine les trésors, coffres, pièces, diamants et trophées, tapisseries et grandes et opulentes tablées…
Pour cela, Lydie Arickx a fait appel à plusieurs collaborateurs : avec Monsieur Pizano, pour présenter une série d’œuvres parfois monumentales et ogresses ou au contraire minuscules et fragiles, investissant les espaces du château dans sa quasi-totalité et des cuisines aux Loggias, des maréchaux à la chapelle… ; avec le concours du céramiste Xavier Brasleret « Le Collier de l’Ogre » ; ainsi que des œuvres inédites en cristal avec les maîtres verriers Olivier Juteau, Anne-Claude Jeitz et Alain Callistes.
Les contes les plus connus comme le Petit Poucet, le Petit Chaperon Rouge ou Cendrillon côtoient des contes du monde à découvrir ou redécouvrir comme le Renard pâle Dogon, ou les contes et légendes du territoire périgourdin.
Une exposition à visiter de toute urgence !
Jusqu’au 26 mai 2019
Château Biron
25540 Biron
Ouvert de 10h à 12h30 et 14h à 17h30 – à partir du 6 avril : de 10h à 13h et 14h à 18h
Labellisé « Grand site d’Aquitaine », le château de Biron est le siège de l’une des quatre baronnies du Périgord. Au fil des années et selon les événements, cette forteresse primitive a subi de nombreux changements. Chaque siècle a laissé sa marque, donnant une attraction particulière à cet ensemble architectural exceptionnel. Installé sur une butte, aux confins du Périgord et de l’Agenais, il était le cœur d’une grande exploitation seigneuriale.
Photos : Véronique Grange-Spahis