Du 27 avril au 3 novembre 2024, à Porquerolles, c’est pieds nus que vous déambulerez dans le splendide espace contemporain la Villa Carmignac pour découvrir, sous le commissariat de la visionnaire Alona Pardo, un parti pris en rupture avec les éditions précédentes, en apparence…Tissant le récit de soixante-six artistes qui, quel que soit leur genre, ont su défier non seulement les normes sociales, mais aussi les limites de l’art et de ses catégories oppressives, l’exposition the infinite woman trouble les limites du genre et invite à une redéfinition des féminité.e.s dans l’art.
« Fortes, lascives, fatales, soignantes, démoniaques, mythiques, les femmes ont été représentées de nombreuses manières à travers les siècles pour répondre à une vision patriarcale du monde. Puisant dans les mythes originels jusqu’aux représentations les plus contemporaines ou subversives des corps féminins, the Infinite woman propose de remettre en lumière leur potentiel émancipateur, de la réappropriation du désir jusqu’à l’élévation des corps désobéissants qui bouleversent les conventions occidentales de la beauté et du pouvoir. »
Alors oui c’est ambitieux mais sachez-le the infinite woman tient ses dérangeantes promesses avec force, sans fards, dans une réalité crue. Elle uppercute avec affection. Elle provoque en sincérité. Elle questionne en partage. Au-delà d’en prendre plein les yeux avec la diversité, la technicité d’œuvres exceptionnelles dans cet écrin hors du temps, vous verrez autrement cette insularité qu’est la femme à travers les âges dans son processus d’émancipation. Ce rapport mer/mère, eau/matrice nous rappelle que la femme est une île, que l’île de Porquerolles est une femme, que la femme reste la source.
« Leurs corps se changèrent en pierre ; les trois sœurs les plus éloignées formèrent les îles d’or – Porquerolles, Port-Cros et le Levant- tandis que la plus jeune tendant désespérément les bras vers son père, devint celle que l’on nomma plus tard la presqu’île de Giens.»
Treize œuvres de la Fondation Carmignac dialoguent avec soixante-dix prêts et créations spécifiques pour l’exposition. De Sandro Botticelli à Judy Chicago en passant par Michael Armitage, JohnCurrin, Loie Hollowell, Lisa Yuskavage, Pablo Picasso, Egon Schiele ou encore Martine Gutierrez, Billie Zangewa et France-Lise McGurn, the infinite woman installe également Louise Bourgeois sous la troublante lumière zénithale de la piscine. Roy Lichtenstein s’invite dans ces plaisirs coupables où la sélection donne le vertige.
Énorme coup de cœur pour l’artiste contemporaine égyptienne Ghada Amer et son œuvre over size en broderie et gel sur toile les grands nymphéas. Une explosion chromatique abstraite en première lecture hypnotise, tisse et attire le regard, les sens, l’inconscient vers l’intime du féminin figuré en deuxième lecture. Découvrez avec délice pourquoi cette œuvre de Ghada Amer prend place dans l’espace des corps (dés)obéissants.
Chers lecteurs, pénétrez l’esprit ouvert le lieu, son immense parc sur la méditerranée et l’exposition the infinite woman dans ces disruptives narrations. Laissez-vous chatouiller les neurones…et claquer le cul de vos zones de confort !
Pour info : Une partie de la section plaisirs coupables est interdite aux mineurs non accompagnés.
Texte et photos Valmigot
Exposition du 27 avril au 3 novembre 2024
Villa Carmignac, Piste de La Courtade, Île de Porquerolles, 83400 Hyères
Du mardi au dimanche (fermé le lundi) – De 10h à 18h d’avril à juin et de septembre à novembre (dernière entrée 16h-16h30) – De 10h à 19h en juillet et août (dernière entrée 17h-17h30) + nocturnes les jeudis jusqu’à 22h (dernière entrée 20h-20h30)