Ancien Carmel du XVIIème siècle, le musée d’art et d’histoire Paul Eluard à Saint-Denis accueille l’exposition Un.e Air.e de famille, pour la saison Africa 2020.
Grâce au travail des deux commissaires de l’exposition, Anne Yanover et Farah Clémentine Dramani-Issifou, un nouveau regard est porté sur les engagements post-coloniaux des surréalistes, en relation avec des artistes contemporaines venant d’Afrique et de sa diaspora. Ces deux époques dialoguent au travers de sujets communs, comme les migrations, l’histoire coloniale, les identités, ou encore les frontières.
Tout commence avec les surréalistes, mouvement du début du XXème siècle. Les penseurs développent alors une fascination certaine pour l’Afrique et sa diaspora. Ils voyagent, s’imprègnent des lieux, photographient les instants et les portraits, prennent goût à l’art africain. Au musée d’art et d’histoire Paul Eluard, de nombreux fonds rapportent ce témoignage notamment avec des photographies de Jacques Viot, ou encore des planches représentant une tête de statue en bois sculpté de la collection de Paul Eluard.
Ils s’interrogent alors et remettent en question la politique coloniale des français, absurde et révoltante selon eux. Ils s’y opposent fermement en écrivant des textes, réalisant des caricatures, ou des photographies pour condamner cette politique.
Très souvent mises en retrait, les femmes sont enfin révélées pour affirmer leurs pensées sur la société d’aujourd’hui. Ainsi, treize femmes africaines contemporaines venant d’Afrique et de sa diaspora sont représentées dans cette exposition. Elles proposent une réflexion sur l’écologie, l’effet de la colonisation sur notre société d’aujourd’hui, l’identité, les frontières, le féminisme ou encore la spiritualité, en lien avec les pensées des surréalistes.
Dans le choix des artistes, ce qui est très intéressant, c’est la place importante des archives dans leur art, comme une sortie de réparation et de compréhension vis-à-vis des anciennes politiques coloniales. L’oeuvre de Malala Andrialavidrazana, Figures 1861 jouxte entre des photographies publicitaires, comme la première exposition universelle qui eut lieu à Londres en 1851, où la puissance coloniale atteint son paroxysme, avec des cartes, et d’autres photographies.
Octobong Nkanga met en évidence les conséquences écologiques des colonies et des rapports de domination, en se mettant en scène face à une structure représentant la terre.
L’exposition prend fin au sein de la
magnifique chapelle avec les oeuvres d’Owanto.
Cette artiste donne voix à des femmes qui ont subies
des violences, en particulier l’excision avec la série Flowers.
De grandes photographies liées à l’excision, ornées de fleurs en porcelaine
froide sur le sexe féminin s’impose dans cette splendide chapelle
néo-classique. Une grande poésie se dégage, un appel poignant est lancé grâce à
ces photographies fortes.
Cette exposition, portant un message fort avec des regards différents, est une invitation à regarder le monde d’un autre point de vue, celui de l’Afrique et des femmes.
Inès Degommier
Du 25 juin au 8 novembre 2021
Musée d’art et d’histoire Paul Eluard, 22 bis Rue Gabriel Péri, 93200 Saint-Denis
Ouvert lundi,
mercredi et vendredi de 10 h à 17 h 30, jeudi de 10h à 20h, Samedi et Dimanche
de 14 h à 18 h 30 (fermé le mardi)