Van Gogh à Auvers-sur-Oise. Les derniers mois

Le 17 mai 1890, Van Gogh arrive à Paris, après un séjour d’un an dans un hospice pour aliénés à Saint-Rémy-de-Provence, où il s’est fait interner volontairement après plusieurs crises de démence. Il s’installe dès le 20 mai à Auvers-sur-Oise, un village situé à une trentaine de kilomètres au nord de Paris, où habite un médecin spécialiste de la mélancolie, le Dr Paul Gachet. Pendant 70 jours, alternant confiance et angoisse, il peint et dessine frénétiquement 74 tableaux et de nombreux dessins. Il produit aussi sa première gravure. Le 27 juillet, en pleins champs, il se tire une balle de revolver et meurt le 29, dans sa chambre de l’auberge Ravoux.

Auvers-sur-Oise, un village pittoresque

En 1890, Auvers-sur-Oise est un bourg peuplé de 2000 habitants, réunissant différents hameaux agricoles étirés sur près de 10 km le long de l’Oise.

À une heure de train au nord de Paris, le village attire beaucoup de citadins, à l’instar du Dr Gachet, qui y construisent de nouvelles résidences. Leurs constructions modernes contrastent avec les maisons aux vieux toits de chaume, interdits depuis un incendie en 1879, qui émeuvent Van Gogh parce qu’ils lui rappellent son Brabant natal.

Le village accueille également de nombreux peintres. Charles-François Daubigny s’y installe en 1861 ; sa veuve ouvrira son jardin à Van Gogh.  Cézanne, Pissarro et une foule d’autres artistes, étrangers souvent, viennent y chercher le pittoresque d’un paysage d’Ile-de-France vallonné, baigné par l’Oise, avec des maisons s’étageant à flanc de coteau, entre bois et champs.

À son arrivée, Van Gogh se déclare charmé par le village et son environnement : « il y a beaucoup de bien-être dans l’air. » Comme le lui a recommandé le Dr Gachet, il se « jette dans le travail », pour se « distraire », oublier son mal et la menace d’une récidive.

Installé à l’auberge Ravoux, en face de la mairie, au centre du village, il va peindre dans un rayon limité et s’attache à toutes sortes de sujets, interprétant librement la réalité des lieux.

Le chant du cygne

Pendant ses deux derniers mois, Van Gogh peint un tableau par jour : des paysages, des bouquets, des portraits… il travaille sans relâche et réalise 74 tableaux et plus de 50 dessins… Il expérimente des thèmes et des formats inédits, avec des accords de couleurs nouveaux.

Son dernier tableau « Racines d’arbres », peint le jour même de son suicide, porte à lui seule une charge symbolique très forte – comme si le peintre lui-même était attaqué par ses racines – émouvant.

La palette de Van Gogh

En parallèle de l’exposition, une expérience immersive est proposée. Muni d’un casque virtuel, le visiteur pénètre l’univers pictural de l’artiste. Il est regrettable que cet espace soit en supplément (6 € pour une durée de 10 minutes), beaucoup de visiteurs feront l’impasse…

Cette exposition (organisée par l’Établissement public des musées d’Orsay et de l’Orangerie de Paris et le musée Van Gogh d’Amsterdam qui l’a présenté du 12 mai au 3 septembre 2023) est la toute première consacrée en propre à cette période des derniers mois de l’artiste.

Du 3 octobre 2023 au 4 février 2024

Musée d’Orsay, Esplanade Valéry Giscard d’Estaing, 75007 Paris

Tous les jours sauf le lundi, le 1er mai et le 25 décembre, de 9h30 à 18h, nocturne le jeudi jusqu’à 21h45

Photos : Véronique Spahis