Après avoir graffé en lettres d’or son nom sur la scène street-art lyonnaise, le Zoo Art Show s’installe à Paris-La Défense. 500 artistes investissent une ancienne tour de bureaux.

Briser les codes. La Défense n’est guère encline à se laisser aller. Chaque matin, cravates et jupes bien repassées affluent sur la dalle. A pied ou à vélo, boursicoteurs et autres Hommes d’affaires semblent bien plus « street » que « art ».
« Je ne connaissais pas La Défense. Enfin simplement quelques photos » introduit, souriant, Antoine. Artiste itinérant, graffeur mais aussi entrepreneur, celui qui se fait appeler Panda dans le milieu, a tout de suite senti une atmosphère particulière dans ce quartier d’affaires.
Après de nombreuses expositions couronnées d’un succès public et critique dans la capitale des Gaules, c’est dans ce cadre pleinement urbain que l’équipe d’Antoine a posé ses valises. « Nous avions déjà fait un projet à la Part Dieu » (quartier d’affaires de Lyon). Cependant, à La Défense, principale place boursière européenne, l’ambition est bien plus démesurée. « C’est comme l’Amérique ici ! », s’enthousiasme Antoine.
4.000 mètres carrés de terrain de jeu : telle est la proposition proprement surréaliste du premier Zoo Art Show parisien. Sur quatre étages, au cœur d’une ancienne bâtisse destinée à des travailleurs du tertiaire, plus de 500 artistes, « en l’espace de 10 jours », ont totalement réhabilité les lieux.


Du sol au plafond, du premier au dernier étage : sur l’ensemble des espaces de la tour, se glissent et s’entremêlent des graffs.
Familial et immersif
Dans un savoureux mélange des genres, Zoo Art Show parvient à imbriquer, à convoquer au cœur d’un immeuble bien rangé, ordonné, sinon emmuré, le très désordonné, le hors-les-murs, street art. Immersif, le parcours se veut être exhaustif quant aux différentes pratiques.
Au 5e étage, début de l’exposition, le visiteur plonge dans un « squat de graffs » sauvage. Sur les murs, sur les portes, les mélanges de couleurs, les gribouillages et autres formes obscures affluent. L’obscurité, uniquement transpercée par des néons rouges, immisce pleinement le visiteur dans ce dédale.


Une musique persistante accompagne la visite de chaque niveau. Parti des hauteurs, le visiteur s’immerge, plus il descend, dans un graff plus travaillé, plus espiègle, mais aussi trompeur. Le troisième étage offre ainsi plusieurs œuvres-jeux plaisantes, notamment un trompe-l’œil.

L’obscurité laisse place à la lumière dans les étages inférieurs. Les couleurs foncées s’apaisent à mesure que les graffitis prennent un virage plus réaliste.


Parmi les artistes conviés à cette grande manifestation qui veut s’inscrire dans la durée – « au moins jusqu’à la rentrée » nous glisse-t-on -, des noms européens apparaissent, notamment le madrilène Okuda. Les français ne sont également pas en reste avec près de 200 artistes parisiens mais aussi lyonnais.
Parmi eux, Ruptur. l’artiste lyonnais livre sa passion pour le mélange des cultures, le jeu des couleurs et des formes. Influencé par l’Egypte et son histoire millénaire, il dévoile pour Zoo Art Show une nouvelle composition aux accents kaléidoscopiques. En reprenant la forme d’une moucharabieh, grillage de bois ou de fer, typique de l’architecture arabo-espagnole, l’artiste repousse les frontières de l’imaginaire, implémentant originalement le graff dans une structure traditionnelle.


Le moucharabieh permettait de voir sans être vu. Le Zoo Art Show souhaite, quant à lui, bien se rendre visible. En plus des visites de l’exposition, « ateliers d’initiation » et « after work » sont proposés.
« On espère ainsi faire venir les gens » ; afin que street et art, à la Défense, brisent enfin la glace.
Gabriel Moser.
Jusqu’en décembre 2025
Zoo Art Show Paris La Défense, 4 Place de La Défense, Courbevoie.
Du mardi au dimanche (fermé le vendredi). Durée fixe de l’exposition : 90mn. De 9 à 18 euros.