C’est l’histoire d’un artiste graffeur du nom de Pascal Boyart, communément appelé PBoy, qui réalisa une reprise monumentale de la chapelle Sixtine de Michel-Ange que nous connaissons si bien… Aujourd’hui, nous sommes ravis de voir cette scène mythique remise au goût du jour avec des détails subtils en clin d’œil à nos temps modernes.
Le confinement aura permis à ce talentueux artiste urbain de créer cette fresque d’une beauté unique. Ce temps où tout était suspendu, où la vie à l’allure rapide était mise à l’arrêt…
Ce sont deux jeunes réalisateurs, Yohann Grignou et Antoine Breuil sous la production de Samourai Coop, qui ont suivi Pascal Boyard dans la réalisation de cette œuvre en documentant non seulement son travail mais aussi le lieu de sa création et l’artiste en lui-même. Merci à ces cinéastes de brio qui nous enchantent en nous offrant leur premier film d’une émotion, d’un esthétisme et d’un sujet qui marquent. La photo est très belle, l’image est léchée, le son, les voix et la bande originale avec deux chansons du rappeur français Népal nous touchent en plein cœur et nous séduisent.
Ce lieu qui donne envie, bourré d’humanité, de spontanéité n’est autre que La Fonderie, ancienne fonderie d’or qui aujourd’hui s’est transformé en lieu de vie qui abrite des artistes mais aussi des personnes qui veulent évoluer au sein d’une communauté sans superflu. Ici, on fonde une « famille », on tisse des liens. Des personnages charismatiques, doux, plein d’esprit, d’humanisme, de spontanéité participeront à cette virée hors du temps et de l’espace. On peut dire que ce documentaire est une co-construction avec comme fil rouge l’humilité.
Bienvenue au sein de cet endroit qui a l’air de flotter, d’être en apesanteur et hors du flux de la vie mondialisée.
PBoy a été fasciné par la structure très haute et lumineuse, voutée et longue qui lui a tout de suite rappelé une église et en particulier, celle mythique du Vatican décorée par le grand-maître de la renaissance italienne. Après maintes recherches, croquis et maquettes, il attaqua avec une volonté de fer ce grand mur de 8 mètres de haut. Nous découvrons un artiste d’une humilité sans nom, d’un talent certain et d’une générosité pleine.
The Underground Sistine Chapel nous embarque ainsi dans une aventure touchante qui nous met face à l’universalité des valeurs et des sentiments.
Ce documentaire est une gifle qui casse les codes sur tous les plans : entre le marché de l’art, le financement du film et l’artiste protagoniste. Il nous prouve qu’il est encore possible de s’affranchir du pouvoir. La recette magique : le financement du film et de la fresque par la crypto-monnaie, spécifiquement le bitcoin. La transaction se fait de pair à pair de façon totalement sécurisée. L’idée est de permettre de se défaire d’intermédiaires pour avoir une auto-gestion de sa monnaie. PBoy vend alors son œuvre via des NFt, « Non-Fungible Token » qui signifie en français « jeton non fongible ». Les 400 personnages représentés sur la Underground Sistine Chapel sont déclinés en jetons uniques donc non interchangeables et chacun représente un personnage. L’œuvre est donc limitée, ce qui fait son unicité. L’acheteur détient alors un bien virtuel. Une façon de gérer et d’arriver à gagner sa vie en dehors des grandes institutions du marché de l’art ou de la production.
Cette possession originale permet de rendre pérenne une œuvre éphémère. PBoy fait vivre éternellement son art au travers les propriétaires qui aiment sa fresque et à qui elle appartiennent désormais. La démarche de Pascal Boyart est le partage pour l’amour de l’art.
Financement décentralisé en intégrant à son œuvre des Bitcoin QRCode pour les dons qui marchent plutôt bien pour ce grand artiste du street art. Continuité de sa volonté de créer un objet appartenant au bien public.
Quatre chapitres aux noms poétiques découpent le film et appuient la narration de ce documentaire riche et nourrissant. De La Genèse, nous observerons les Esquisses de PBoy qui dévoileront, dans L’été est là, toutes ses étapes picturales pour arriver à L’Apothéose, le chapitre qui clôturera cette belle aventure passée à ses côtés et à tous les habitants de La Fonderie.
Un film sensible qui nous donne une leçon de vie. PBoy nous prouve une fois de plus que l’art urbain ne devrait pas être délaissé. Son art est poussé, constructif, a du génie.
Quoi de plus facile que de se laisser emporter dans le monde merveilleux de L’Underground Sistine Chapel en un simple clic ?
Toujours dans l’esprit d’échapper à l’industrie artistique, Samourai Coop et Pascal Boyart permettent la gratuité du film grâce au financement par les NFTs pour rendre l’objet non censurable.
Le lien qui vous mènera vers ce documentaire inspirant, The Underground Sistine Chapel : https://www.youtube.com/watch?v=fsRFHmdiyGE
Le site de Pascal Boyart : https://www.pboy-art.com/
Mathilde Nicot