Itinérances de l’Être

Dans ce premier volume d’un fabuleux projet porté par le centre culturel Mémoire de l’Avenir, en alliance avec le collectif international DF Art Project, la recherche plastique est l’épicentre. Et la naissance : une exposition-manifeste. l’Art.

Ce sont les Itinérances de l’Être. Le parcours ou le cheminement d’un corps, d’un esprit ; ils s’accomplissent, se transforment ou au contraire, se tordent. Ces mêmes entités traversées par les passions, et plus cruellement, par le Temps qui passe. On dira aussi que c’est lui, l’origine de ces changements. Autour de cette binarité, il y a simplement la vie, ses ressorts et ses questions. 

Les 8 artistes engagés dans ce premier volet sont résolument passionnés. Les techniques adoptées sont différentes, particulières, car parfaitement correspondantes à une vision. La recherche quant à elle, demeure identique. Trouver un sens dans la performance. Plus précisément, trouver un sens à la réalité, à l’existence.

Tout comme Jean René Berlioz sublime le réel à travers la pellicule fine de son appareil photo argentique par d’étranges effets de miroirs, de couleurs et de superpositions, Claudia Vialaret créée la fascination par le médium. La capture du réel, ou plutôt du corps vivant greffé sur un support textile. Ce corps de femme, mère du monde, drapé et enrobée de soie.

Puis, il y a ces autres corps, ceux de Nicola Bertoglio ; des photographies qui se lisent en doublon. En résonance avec le décousu, le fragmenté. Des métaphores qui nous plongent dans le métabolisme du rêve, de la chimère.

Ainsi, Hypnos habite l’esprit, il couvre l’imagination et la perception, il est mental. C’est ce que raconte Marie-Jeanne Avgerinos au travers de ses sculptures. Un cœur qui bat sous les fragments de verre, de la chair brillante et veineuse, un travail cru de la matière avec des matériaux de récupération, elle représente l’humain, le vrai. À mi-chemin entre la fantaisie et la réalité.

Cette réalité est bien souvent l’objet de déformation, et  les sculptures céramiques de Fabrice Aliaga en sont de parfaits témoignages. Des têtes, des mains, des membres serrés, doublés, ils s’assemblent ou se fuient mais quoiqu’il en soit, ils sont éternellement liés par la matière. Alors, ces liens sont constants, ils peuvent être sujets aux luttes. Dans une série de portraits aux couleurs vives et primaires, Daniel Cabanzo exprime la violence du silence. Des bouches cousues aux liens fermes et durables ; l’humain est dans l’impossibilité de trouver les mots dans son combat. Il devient alors fantôme et spectateur de son Être. Il est peut-être seul comme les formes défilantes de Claude A.Thibaud, mais obstiné car vivant.

Enfin, le dernier saut sera dans l’univers de Sarah N., là où la nature et l’Homme ne font qu’un, du pareil au même.

Cette exposition au regard plastique et humaniste est une véritable réussite. Toutes ces œuvres entrent dans un dialogue profond et prenant. Nous (le public) sommes transportés dans un élan hypnotique ; les questions viennent et permettent d’entamer un travail de réflexion. Du Déstructuralisme au Figuratif, ces créations n’ont qu’une volonté : mettre l’Humanité en exergue.

Artistes exposés :

Fabrice Aliaga, Marie-Jeanne Avgerinos, Jean René Berlioz, Nicola Bertoglio, Daniel Cabanzo, Sarah N, Claude A. Thibaud, Claudia Vialaret.

Commissariat d’exposition : Margalit Berriet, Marie-Cécile Berdaguer en collaboration avec Ronnie Jiang et Caroline Canault (Fondatrices de DF Art Project)

Du 10 juillet au 28 août 2021

Mémoire de l’Avenir – 45/47 rue Ramponeau, 75020 Paris.

Ouvert du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures. Entrée libre et gratuite.

Irina Bengouirah