L’exposition « 1923. Le domaine de Sceaux. Aux origines d’une renaissance » propose au visiteur un parcours qui retrace l’histoire du domaine, du milieu du XIXème siècle à aujourd’hui. Cette exposition est complétée par celle d’Étienne Atget, dont des reproductions de photographies, jalonnant le parc de Sceaux, sont une extraordinaire manière de voyager dans le temps.
Crée pour Jean-Baptiste Colbert, contrôleur général des finances de Louis XIV, le domaine de Sceaux est racheté par le département de la Seine en 1923, rejoignant ainsi le domaine public, comme en témoigne l’archive départementale des Hauts-de-Seine Acquisition du Domaine de Sceaux par le département de la Seine. Enquête d’utilité publique. Avis (1924)
L’exposition se concentre principalement sur l’année 1923 afin d’y présenter le contexte politique et social qui préside à l’acquisition du Domaine de Sceaux par le Conseil général de la Seine. Propriété des Trévise à la veille de son acquisition, le Domaine de Sceaux est présenté dans un rapport remis à la ville de Sceaux en 1921 comme « le plus grand et le plus beau parc de tout le département de la Seine ». Sa superficie est dix-huit fois supérieure à celle des Buttes-Chaumont et représente le quart du Bois-de-Boulogne. Malgré un coût s’élevant à 13 millions de francs, la princesse de Cystria, à la mort de la marquise de Trévise, accepte de vendre le bien à l’État qui l’acquiert officiellement le 11 juillet 1923.
De nombreux documents ou photographies en noir et blanc représentent le Domaine les décennies qui ont précédé sa vente : on découvre avec étonnement un attroupement de bovins devant le château sur une carte postale.Lors de la première guerre mondiale, plusieurs bâtiments du domaine servent de casernement pour les soldats français, les jardins, eux, deviennent des parcs à bestiaux. Les troupeaux sont parqués sur l’esplanade, à quelques pas de la grille principale menant au château.
Six très belles photographies d’Eugène Atget (1857-1927) donnent à voir le Domaine dans les années 20. Connu et aimé entre autres par les surréalistes pour ses photographies de la ville de Paris, prises à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, le photographe a aussi été marin, comédien, peintre et directeur d’une revue hebdomadaire Le Flâneur. Atget découvre le Domaine en 1924, peu de temps après son acquisition, et le photographie entre mars et juin 1925. L’état d’abandon dans lequel se trouve alors le Domaine, tout juste acquis par l’État, fascine Atget par son aura romantique comme un lieu de fantômes. Les bassins sont remplis de vase, les allées envahies d’herbes, les escaliers, eux, sont jonchés de feuilles mortes. L’intérêt d’Atget pour les édifices à d’abandon, pour l’emprise que la nature exerce sur eux, et sur la probable disparition de cette nature, se retrouve dans soixante-quatre prises de vues, parmi lesquelles il réalise ses plus belles images.
Reproduits et agrandis sur des panneaux, une quinzaine de ces clichés jalonnent le parc de Sceaux, érigés aux endroits mêmes où ils ont été pris afin d’y lire, avec émotion, le chemin parcouru en un siècle par la nature, et par la main de l’homme.
Perrine Decker
Du 10 mars au 9 juillet 2023
Musée du Domaine départemental de Sceaux, Anciennes écuries, 8 Avenue Claude Perrault, 92330 Sceaux
Réservations : https://domaine-de-sceaux.hauts-de-seine.fr/preparez-votre-visite
Entrée gratuite dans le parc.