La fabuleuse histoire des « Berliner Kabaretts »

Publié en décembre 2020, La fabuleuse histoire des « Berliner Kabaretts » est un trésor d’informations historiques et d’anecdotes croustillantes autour des théâtres de Berlin.

L’auteur, Frantz Wouilloz-Boutrois, chanteur familier des théâtres et des music-halls, est le co-fondateur de cette nouvelle collection « Cabaret » aux Editions L’Harmattan. Il est germanophone, et c’est sa passion pour les théâtres de Berlin qui l’a conduit à écrire ce livre.

Il y fait parfaitement renaître les kabaretts grâce à une liste précise des différents lieux, à une description minutieuse mais passionnante des personnages haut en couleur qui étaient les âmes de ces endroits, et par des photographies historiques en noir et blanc.

Tout commence à Paris, avec la création à Montmartre des premiers cabarets, à la fin du XIX e siècle. L’appellation de « cabaret » apparait vers 1890, avec entre autres le mythique Chat Noir que Rodolphe Salis a ouvert en 1881 et où les artistes et leurs chansons engagées attiraient le Tout-Paris. Il s’y construit un type de spectacle qui, après la création de l’Empire allemand en 1871, va s’exporter facilement dans sa capitale en plein essor.

Toutes les formes artistiques, la danse principalement mais aussi le chant, la parodie, la satire, la pantomime, sont représentées dans ces cabarets, avec le luxe des décors et des costumes qui attirent un public nombreux et très divers.

A Berlin, les premiers établissements sont deux grands théâtres de Berlin, l’Apollo et le Wintergarten, qui produisent, vers 1900, des spectacles comme ceux du Chat Noir mais dans de très grandes salles. Ernst von Wolzogen, admirateur de Rodolphe Salis, crée en 1901, le premier cabaret berlinois, le Überbrettl (Le super club) dans lequel on retrouve l’intimité du cabaret français.

Le célèbre metteur en scène Max Reinhardt fonde la même année son fameux Kabarett Schall und Rauch (Bruit et Fumée). Il est présent tout au long du livre, car il a été, peu à peu, à la tête d’un véritable empire théâtral.

Puis l’auteur décrit très justement le début de la vie culturelle bouillonnante de la République de Weimar (1918-1933).

Très vite de nombreuses salles ouvrent dans la capitale. Si les chanteurs et pianistes, issus souvent du théâtre lyrique, attirent les foules, les vraies vedettes sont les danseuses avec leur érotisme très osé pour l’époque, leurs effronteries, et leurs satires. Dans la vie culturelle débridée de la capitale, la liberté sexuelle est de mise et de nombreux cabarets sont réservés aux femmes.

La plupart des grands artistes des cabarets berlinois sont juifs (à commencer par Reinhardt). La plupart s’exileront à temps et leur talent s’épanouira aux Etats-Unis. Beaucoup mourront dans les camps nazis. Le régime nazi mit un terme à cette belle aventure. Mais Berlin ne dit point son dernier mot et aujourd’hui, plus que jamais, le cabaret occupe une place de choix dans le paysage culturel allemand.

Sur près de deux siècle, l’auteur nous offre une galerie de portraits tous plus extraordinaires les uns que les autres. Certains lecteurs, amateurs de cette histoire, apprécieront son côté encyclopédique et son érudition, d’autres pourront se perdre dans l’accumulation de détails, mais heureusement que le lexique final nous éclaire.

Olivia Bellin-Zéboulon

A propos de l’auteur :

Frantz Wouilloz-Boutrois a géré une carrière située entre deux mondes : le monde de la chanson et celui de l’opéra lyrique. Il est auteur-compositeur-interprète, metteur en scène, directeur de troupes et de saisons musicales.

En 2011, il a créé la Fondation Editraum dans la principauté du Liechtenstein, au coeur des Alpes. La défense et la sauvegarde du patrimoine par une culture offerte à tous, est l’un des différents buts de cette institution ( www.editraum.li ).Frantz Wouilloz-Boutrois est également l’auteur de plusieurs publications essentiellement sur l’histoire du XIXe siècle, dont La fabuleuse histoire des « Berliner Kabaretts .

La fabuleuse histoire des « Berliner Kabaretts », Frantz Wouilloz-Boutrois

Editions L’Harmattan, 366 pages, 37 euros