Le Rêveur de la forêt
Havre de mémoire et de poésie, le charmant petit musée Zadkine niché au cœur de la rue d’Assas nous accueille aujourd’hui pour une exposition très intéressante. Confrontant le travail du sculpteur d’origine russe Ossip Zadkine (1890-1967) à nombre d’artistes des XXe et XXIe siècles, l’exposition nous plonge au milieu de la forêt, espace de rêverie de tous temps.
Une grande variété d’artistes de renom est présentée, allant de Constantin Brancusi à Pablo Picasso, en passant par Karel Appel, Joseph Beuys ou encore Paul Gauguin ; tous se retrouvent autour de la même thématique du « Rêveur de la forêt ». On découvre alors diverses inspirations émergeant de la nature, qui se font parfois brutes, touchant au plus pur matériau naturel, le bois ou la pierre ; parfois, des inspirations qui se font plus oniriques et symboliques, représentant l’ambiance de la forêt de façon plus suggestive.
On remarque que le fil conducteur de l’exposition Le Rêveur de la forêt a intéressé les artistes tout au long du XX e siècle jusqu’à nos jours. Au fil de la visite, notre regard sera placé sous tous les points de vue du sujet, les œuvres étant présentées par thématiques, selon trois temps : la lisière, la genèse et enfin le bois sacré, bois dormant. D’un regard d’européen sur d’autres civilisations nous semblant plus en phase avec la nature, plus primitifs au début du siècle, on passe à un questionnement artistique sur un sujet brûlant d’actualité : la sauvegarde environnementale. Autour du même thème de la forêt, de larges conceptions différentes sont présentées, afin d’illustrer au mieux la grande richesse du sujet.
En confrontation perpétuelle avec l’être humain, la forêt est un espace éternel qui ne cesse d’inspirer les artistes. Dans cette thématique toujours plus d’actualité du rapport de l’homme et de la nature, dans cette confrontation-association de toujours, l’exposition nous permet de remettre en question notre vision anthropocentriste. Face à cet espace naturel, on se rend finalement compte, que celui-ci n’est pas si opposé que ce que l’on pense à notre vie en métropole. À l’inverse, ses interactions et interpénétrations avec notre quotidien sont bien plus nombreuses qu’on ne le suspecte. La présence dans cette exposition de nombreux artistes contemporains est essentielle pour rendre compte de la longévité d’un thème commun, que les artistes ne cessent de réinventer.
Cela n’est pas sans ramener aux préoccupations environnementales et écologiques, qui doivent aujourd’hui toucher l’humanité dans son intégralité : l’art est sans doute l’un des meilleurs moyens d’en promouvoir les enjeux, apte à impacter ses spectateurs. Cette belle exposition semble donc essentielle pour faire évoluer notre regard sur la nature. Voilà encore une importante leçon d’humilité, qui nous invite à relativiser notre place dans ce monde, et à nous montrer plus tolérants avec les écosystèmes qui nous entourent. L’exposition se propose de nous sensibiliser, afin de protéger au mieux ce réservoir d’innocence et de mystère qu’est la forêt, sans laquelle nous ne sommes rien.
Julie Goy
Du 27 septembre 2019 au 23 février 2020
Musée Zadkine
100 bis, rue d’Assas, 75006 Paris
Ouvert de 10h à 18h, du mardi au dimanche
Plein tarif : 8€ – Tarif réduit : 6€