Biennale d’Issy, portraits contemporains, selfies de l’âme?

Le Musée français de la carte à jouer accueille cette année encore la biennale d’Issy. Connu pour dévoiler de jeunes nouveaux talents lors de ces expositions, ce sont les portraits contemporains, selfies de l’âme qui sont à l’honneur cette fois-ci.

La Biennale d’issy s’expose et s’exporte partout dans la ville, tant à la médiathèque qu’à l’école de formation des Barreaux jusqu’au 10 novembre. C’est l’occasion pour les artistes de montrer que l’art contemporain n’est pas passé de mode, simpliste, sans émotion. Ainsi Sabine Pigalle, portraitiste s’inspire de la Renaissance pour redessiner les visages à sa manière.

Vous pourrez aussi découvrir que le portrait de l’expressivité de l’âme n’a pas qu’à vocation d’être peint. Il a même vocation à être dépeint au sens strict : l’absence du visage frappe cette exposition, comme au travers des œuvres photographiques du célèbre David Lynch, et de son pendant sculpteur David Faucheur.

De la même manière, ce sont parfois les fantômes qui transparaissent dans l’absence. Fantômes de l’enfance difficile, des années douloureuses, comme moyen d’exorciser.

Le portrait, expression même du mouvement de l’âme se construit et se déconstruit sous la conduite de la commissaire d’exposition, Chantal Menesson. Si le thème de l’exposition reste vaste, se découpent malgré tout des problématiques particulières : la douleur- mais comment blâmer ceci? “Les gens heureux n’ont pas d’histoire” écrit Claude Roy, et la souffrance est sans doute l’expression la plus vive – mais aussi l’engagement politique.

Benoit Fournier, photographe, innove dans cette branche-là. Afin de sensibiliser à l’écologie, il met au point un processus d’impression sur feuille grâce à la photosensibilité des plantes. Se dessine un visage de femme d’Amazonie, portrait frappant tant par son ingéniosité que par sa beauté brute. C’est tout à fait par hasard que l’oeuvre se confronte à l’actualité quant aux problèmes actuels que rencontre Bolsonaro.

L’immigration prend elle aussi une place importante au sein de l’exposition. Le projet engagé d’Ana Bloom mérite de s’y arrêter. Souffles est à la fois individuel et universel. Il questionne notre propre place, notre nomadisme intellectuel, mais aussi les mouvements de masse et leur acceptation.

Ces photographies non retouchées de souffles sous les eaux, prises à l’autre bout du monde circulent, et retrace ainsi ces flux humains.

Alors ne tardez pas, l’exposition vaut de s’y attarder un instant, une heure, et de se laisser toucher par ces portraits d’âmes.

Sixtine Bénatier

Jusqu’au 10 novembre 2019

Musée Français de la Carte à Jouer

16 rue Auguste Gervais

92130 Issy-les-Moulineaux

Métro : Mairie d’Issy (ligne 12).

Du mercredi au vendredi de 11h à 17h – samedi et dimanche de 14h à 18h – Fermeture le dimanche 10 novembre 2019 à 16h

Plus d’infos et liste des artistes participants : https://www.biennaledissy.com/