Les Carnets de Harry Haller

Les Carnets de Harry Haller, voyage au cœur de la dualité humaine

Depuis le 3 janvier, Frédéric Schmitt incarne admirablement Harry Haller au théâtre du Roi René. A travers un monologue dramatique, il interprète l’anti-héros de Hermann Hesse, dans une mise en scène minimaliste de Jean-Christophe Barbaud.

Harry est un écrivain tourmenté, solitaire, pessimiste, suicidaire. Pour lui la solitude est « glaciale » mais également « merveilleusement paisible et immense, comme l’espace froid et paisible dans lequel gravitent les astres ». En manque d’inspiration, seul dans sa mansarde, il fulmine contre son existence sans but et l’absurdité de la vie. Alors pour retrouver le souffle créateur, il fait un pas de côté, sort de son isolement, de son existence recluse. En se forçant à réintégrer la société, il se confronte à sa propre personnalité, complexe, proche de la schizophrénie, passant soudainement d’un état à un autre. Il entame ainsi un parcours initiatique qui lui fait découvrir la joie, le rire, la rencontre et lui remémore toutes les expériences de son existence passée.

Le texte poétique, subtil, plein de sensibilité est porté avec virtuosité par Frédéric Schmitt. Le comédien s’investit avec force et dans une gestuelle maitrisée, nous fait pénétrer l’univers de Harry. Il nous entraine habilement dans la pérégrination et l’errance de cet ermite, exultant sa souffrance intérieure en se confrontant au monde extérieur.

La mise en scène est d’une grande sobriété, inventive, elle s’appuie uniquement sur un jeu de contrastes obscurité – lumière. Un parti pris qui privilégie la force des mots et créé une relation intime avec le comédien qui se meut jusque dans le public. Le spectateur est ainsi entrainer dans le voyage de cet être insatisfait qui « n’était nullement un homme mais un loup venu de la steppe ».

Première partie du « Loup des steppes » de Herman Hesse, les Carnets de Harry Haller nous font entrer dans l’univers et la pensée de l’auteur. Une belle adaptation du roman écrit en 1927 par l’écrivain allemand. Une superbe interprétation et une magnifique performance d’acteur qui invite à relire l’œuvre de Hesse.

Valérie Baudat

Les carnets de Harry Haller  
Extrait du roman Le Loup des Steppes de Hermann Hesse
Mise en scène : Jean-Christophe Barbaud 
Interprétation : Frédéric Schmitt 


Du jeudi au samedi à 19h30


Théâtre du Roi René12 rue Edouard Lockroy, 75011 Paris