Paul Durand-Ruel et le post-impressionnisme

L’exposition Paul Durand-Ruel et le post-impressionnisme présentée à l’occasion de la réouverture de la Propriété Caillebotte à Yerres dans l’Essonne, est inédite. Sortant des sentiers battus, elle se propose de mettre en lumière l’intérêt du grand marchand Paul Durand-Ruel pour la génération dite des « postimpressionnistes ».

Paul Durand-Ruel et ses protégés

Paul Durand-Ruel (1831-1922) est un marchand d’art français ayant bâti sa notoriété en se faisant le défenseur de la « belle École de 1830 », présentant dans sa galerie des œuvres d’artistes aujourd’hui emblématiques tels que Delacroix, Corot, Daubigny ou Millet, et encore plus pour avoir été le « marchand des impressionnistes », de Monet à Manet, en passant par Renoir ou Sisley.

L’exposition à la Propriété Caillebotte choisi de mettre en lumière la fidélité réciproque établie entre le marchand et d’autres de ses artistes protégés, moins connus aujourd’hui du grand public que les précédents, ceux qu’on surnomme la « génération du postimpressionnisme ». Cinq artistes étaient engagés auprès de la galerie par un contrat moral d’exclusivité : Henry Moret, Maxime Maufra, Gustave Loiseau, Albert André et Georges d’Espagnat.

Paul Durand-Ruel, déjà âgé de la soixantaine lorsqu’il prend en charge la carrière de ces artistes à la fin des années 1890, n’a pas eu le temps nécessaire à sa disposition pour les aider à atteindre une notoriété semblable à celle d’un Monet triomphant dès 1895 avec sa série des Cathédrales de Rouen, alors exposée à la Galerie Durand-Ruel.

Les artistes

Henry Moret (1856-1913) entre aux Beaux-Arts de Paris en 1876. Dès 1880, le Salon accepte sa Plage des Locquettas, réalisée dans le Morbihan, région fétiche du paysagiste et marinier, tout au long de sa carrière.

Maxime Maufra (1861-1918) participe au Salon dès 1886, où l’État lui achète un paysage marinier, Bâteaux de pêche à la Haute-Ile près Nantes. Il partage sa vie entre la Bretagne et Paris, où il sera au cœur de l’effervescence artistique de la capitale, installé à Montmartre au Bateau-Lavoir.

Gustave Loiseau (1865-1935) est un autodidacte ayant étudié seulement une année à l’École Nationale des Arts Décoratifs de Paris. Il fréquente également Montmartre. Avec Moret et Maufra, ils forment un trio de paysagistes et mariniers, ayant tous les trois fréquenté Pont-Aven dès la fin des années 1880, où ils rencontrent notamment Paul Gauguin et le groupe synthésiste.

Albert André (1869-1954) a participé à l’Académie Julian, et a collaboré à la Revue Blanche où il travaille avec Bonnard et Vuillard, artistes décorateurs aux inspirations japonisantes. Du fait de ces rencontres, l’aspect « décoratif » de son œuvre ne vous étonnera pas. Le critique Arsène Alexandre lui reconnaît cette « originalité d’avoir profité des apports techniques de l’impressionnisme sans en adopter les partis pris ».

Georges d’Espagnat (1870-1950) a quant à lui beaucoup étudié les œuvres de Rubens et Delacroix au musée du Louvre, lors de son arrivée à Paris. Certaines de ses œuvres présentées au sein de l’exposition, témoigne de son intérêt pour la couleur vive. Il était même surnommé « Le Pré-fauviste instinctif » par le critique d’art Gaston Diehl, en référence au mouvement fauviste qui se développe dans les années suivantes à Paris. Également ami de Bonnard et Vuillard, ses peintures témoignent, comme André, de cet aspect « décoratif ».

Paul Durand-Ruel a fait preuve d’un grand soutien à ces artistes, leur consacrant notamment des expositions individuelles à ses galeries de Paris et de New York. Il leur prodiguait également de nombreux conseils, techniques comme personnels. Cette relation privilégiée avec le marchand imposait en contrepartie l’exclusivité des artistes, ce qui permettait, tout en protégeant les intérêts de la galerie, d’offrir une cote stable aux artistes, du fait de la notoriété de la maison Durand-Ruel.

L’exposition s’accompagne d’un catalogue fourni grâce au fonds Durand-Ruel et la participation des membres de la famille Durand-Ruel, réalisé sous la direction de Valérie Dupont-Aignan, directrice de la Propriété Caillebotte depuis 2017. D’autres événements sont également prévus pour prolonger l’exposition, tels qu’un cycle de conférences qui s’ouvrira dès le début du mois de juin, et des visites guidées, telles que les « Dimanches de l’art », qui sont proposés tous les dimanches à 14h30 pour des groupes de 10 personnes maximum.

C’est également l’occasion pour les visiteurs de (re)découvrir la Propriété Caillebotte, acquise en 1860 par les parents du peintre Gustave Caillebotte, remeublée comme à son époque grâce aux dons des Amis de la Propriété Caillebotte et aux collections du Mobilier National. Mais également l’immense parc agrémenté de plusieurs bâtisses historiques, telles qu’une Volière de 1860, un Chalet Suisse ou encore la Chapelle Notre-Dame du Lierre de 1864.

Venez vite vous ressourcer dans ce temple artistique, situé à seulement 20 mn de Paris par le RER D !

Julie Goy

Du 19 mai au 24 octobre 2021

Paul Durand-Ruel et le postimpressionnisme – Propriété Caillebotte

Commissaires d’exposition : Claire Durand-Ruel et Jacques-Sylvain Klein

8 rue de Concy, 91330 Yerres

La Maison Caillebotte et la Ferme Ornée sont ouvertes de mi-mars à mi-novembre tous les jours (sauf le lundi) de 14h à 18h30 et tous les jours fériés.

Entrée gratuite dans le Parc Caillebotte 

Les commentaires sont clos.