19 œuvres sont présentées à la galerie Retour de Voyage qui avait déjà exposé l’œuvre de Sophie Sainrapt au travers des livres d’artistes de la maison d’édition Le Renard Pâle, et au travers de l’expérience Foxlink.
C’est après la rencontre faite lors du vernissage de l’exposition Lucien Clergue il y a 3 ans que la galerie a souhaité exposer les œuvres de Sophie Sainrapt – conquise par la générosité de l’artiste, son exubérance et sa joie de vivre.
En 2004, Jean Luc Chalumeau décrivait ainsi l’art de Sophie :
« …On aurait cru la chose impossible: au début du XXIe siècle, une artiste parfaitement informée des péripéties de la modernité s’entêtant à peindre et dessiner des nus! Les grandes figures à l’encre de Chine sur papier de Sophie Sainrapt ne sont cependant en rien des actes réactionnaires, ce ne sont pas des ruminations passéistes. Ces nus témoignent plutôt d’un besoin vital de dialoguer – au présent – avec l’une des origines mythiques de l’art, qui est un tableau perdu…«
et récemment Christian Noorbergen :
« Les taches vitales, les corps et l’univers s’étreignent. L’œuvre entière n’est que chair vive, sables charnels et traces vitales. Le corps innombrable voyage en majesté dans tous les possibles du féminin, quand l’insondable étendue absorbe lentement les apparences de la peau. L’intimité sans frontière, à fleur de surface et de dense dessin, prend tout l’espace à son compte. Sensualité latente, assumée, délicate, respectueuse, et infinie… Art tribal et chargé, souple et puissant. Dans les forts dessins de Sophie Sainrapt, toutes les féminines mémoires du monde ont laissé leurs sensibles sillages, mais l’insidieuse présence nue, dans sa sidérante contagion, abolit tout souvenir. Somptueuse monumentalité de ces corps d’immensité, hors du temps fabriqué des surfaces. Souveraine charge de vie. Somptueuse chorégraphie de ces corps mouvementés, hors des images installées des évidences. Sophie Sainrapt invente des corps familiers et lointains. Familiers dans leur incroyable et monumentale proximité, et lointains parce qu’ils s’appareillent à l’universalité. Ce sont corps sans pouvoir de parole, vêtus d’espace, de signes et de peinture, miraculeux, primitifs et contemporains. Corps de vertige et de hauteur. Cet art aérien, joliment scabreux, fluide et tonique, voyage en saisissant pays d’impertinence. »
Quant à moi, je cite – et persiste – ce que j’avais écrit en 2007 :
« Du modèle dévêtu devant elle, Sophie Sainrapt n’en transcrit le plus souvent qu’une partie. Des traits du fusain que rejoignent les coulures du pinceau, c’est avec son corps que Sophie peint, avec son cœur que ses nus féminins se transforment et exultent.Dans les dessins présentés aujourd’hui sa palette s’est enrichie de couleurs chaudes comme cet orange qui explose et transcende le nu. Ce nu dont le désir – les désirs – s’offre à nous, se dévoile et se cache sous le lavis et l’encre de Chine. »
Véronique Grange-Spahis
Exposition jusqu’au 15 Août 2016
Retour de voyage
La Maison Sur La Sorgue
6, rue Rose Goudard
84000 L’Isle-sur-la-Sorgue