Monde parallèle, enchanté, trogné, rongé par la créativité d’un conscient illuminé ; Rebecca Campeau explore depuis plus de 40 ans les couleurs infinies d’un « univers intemporel et émouvant », le sien.
Dans les entrailles d’un imaginaire peuplé de détails, fourmillant dans son immensité de lignes discontinues, entremêlées et tordues par la forme soudaine d’un tissu gonflé par une aiguille avisée, d’un morceau de papier plié ou d’un carton ondulé, l’artiste Rebecca Campeau nous embarque dans la traversée d’un véritable océan d’abondance, le sien.
Nous entrons dans un espace saturé d’art, où les murs comme les sols et les plafonds sont le témoignage d’une frénésie artistique intrigante : des pinces de crabes, des trombones, des aiguilles, des bijoux et des perles, autant de matériaux qui peuvent paraître « insignifiants » mais auquel l’artiste y dévoue sa plus grande et belle attention. Minutieusement assemblés sur une toile gigantesque de tissu ancien, ils deviennent l’embryon d’une pensée chimérique qui transcende le support pour ainsi livrer une œuvre hétéroclite et presque hypnotisante.
Ces assemblages n’ont rien d’hasardeux, au contraire, ils sont le résultat d’une vision éclatée de la réalité. Des « trognes » aux visages vrais semblants ou pas, sans cesse déformés, réinventés, remodelés, des mains pendantes aux doigts fins presque indélicats, des oiseaux distingués aux plumes colorées… Il est clair que Rebecca Campeau formalise l’expression, et son signe n’est d’autre que l’allégorie du monde qui nous entoure dans ses traits les plus naturels.
Ils sont la démonstration pure et parfaite de l’esprit artiste, une matière féconde et vagabonde qui envisage le « rien » et la banalité comme un tout. Ici, les aptitudes et les arts convergent et se croisent pour ne former qu’un : peinture, dessin, sculpture, tous, sont mis en scène dans un étonnant jeu de références qui n’est pas sans manquer d’humour. L’impression d’entrer dans un ventre sociétal, des figures d’illustres mais aussi des mondains, des travailleurs, des représentations d’époques travaillées et stylisées avec finesse pour signifier un trait particulier, des collerettes, des chapeaux, des costumes ; l’artiste nous mène dans un véritable carnaval des curiosités.
Au cœur de Paris, dans l’agréable quartier animé de Belleville, se niche un espace singulier qui devrait bientôt disparaître. Cet espace des plus chaleureux promet la découverte d’un travail spectaculaire et remplit de détails qui ne manqueront pas de vous surprendre.
Rebecca Campeau est régulièrement amenée à exposer un peu partout en France, toutes ses actualités sont ainsi disponibles sur son site internet personnel : https://rebecca-campeau.com
Irina Bengouirah