Coco Tutu : l’architecture du mouvement selon Satoko Bergé-Kawano

En septembre 2023, à Hong-Kong, dans l’univers feutré de la haute couture scénique où chaque étoffe épouse le mouvement, une créatrice fait figure de pionnière : Satoko Bergé-Kawano, fondatrice de Coco Tutu. Cette ancienne architecte designer, formée à Tokyo puis à Chicago, passée par de grandes maisons de luxe, Armani, Estée Lauder, façonne des tutus d’exception qui subliment l’envolée des ballerines : Des tutus sur mesure et leurs accessoires à la vente et à la location pouvant être remaniés pour les prochaines saisons de programmation et besoin des danseuses.

L’histoire de Coco Tutu naît d’un constat personnel : lorsqu’elle cherche des costumes pour sa fille Coco-Alix, danseuse de haut niveau, elle ne trouve pas ce qu’elle imagine. Trop rigides, trop standardisées, de qualité médiocre, ils brident plutôt qu’ils n’accompagnent. Elle-même danseuse à ses heures, animée par une double passion pour la mode et le ballet, Satoko Bergé-Kawano décide alors de concevoir tout elle-même. Son approche est celle d’une architecte du corps en scène : chaque création commence par un croquis minutieux où se dessinent les lignes et les volumes avant que les étoffes ne prennent le relais. Chaque pièce est pensée pour épouser la gestuelle et respecter la dynamique du corps dans un équilibre subtil entre maintien et fluidité.

Pionnière en Asie, elle introduit à Hong-Kong une pratique courante en Europe : la location de costume de danse. Sa vision s’inscrit dans une démarche écoresponsable et vertueuse où l’économie circulaire donne aux costumes plusieurs vies. Dans les corps de ballet un même costume peut être porté une saison entière avant d’être réutilisé, retravaillé, recustomisé pour servir une nouvelle narration scénique. Une philosophie qui s’oppose à l’éphémère et au gaspillage de la fast fashion. Coco Tutu assure non seulement la création mais aussi l’entretien méticuleux des pièces, garantissant leur pérennité.

L’excellence de son travail ne tarde pas à attirer l’attention. Quelques mois après la naissance de Coco Tutu, la jeune maison de confection est repérée sur Instagram par Van Cleef et Arpels. La maison joaillère, en quête d’un raffinement absolu, lui confie la responsabilité des costumes du gala annuel de remises de prix Richemont, la maison mère de Cartier. Quatre femmes et un homme portent alors ses créations lors de cet évènement d’exception en mai 2024. Van Cleef et Arpels rafle le premier prix en costumes Coco Tutu ! Une consécration pour la créatrice dont le travail allie précision et poésie, technique et rêve.

Derrière la grâce aérienne de ses tutus se cache un savoir-faire exigeant. Si la base du costume demande une dizaine d’heures de travail, sa réalisation totale peut s’étendre sur plusieurs semaines. Chaque tulle est choisi et teinté avec rigueur : le tombé, la souplesse, la lumière qu’il capte et renvoie, chaque détail concourt à la magie du mouvement. Broderies, dentelles, incrustations de strass, de perles viennent parfaire l’illusion d’un costume suspendu entre le tangible et l’évanescent.

Aujourd’hui, Satoko Bergé-Kawano, dans son atelier, face à la mer, affine son art du fil et de l’aiguille. Si Coco Tutu rayonne déjà à l’international, elle privilégie pour l’instant Hong-Kong afin d’assurer un suivi précis des essayages et des ajustements. Les danseuses de compétitions qui portent ses créations rivalisent sur les scènes du monde entier, incarnant l’excellence de cette nouvelle signature du costume de danse.

À travers Coco Tutu, Satoko Bergé-Kawano, réinvente l’habit de scène en une œuvre d’architecture textile où l’élégance se conjugue à l’exigence technique. Sous l’envolée des projecteurs, quelque part entre tradition et avant-garde, Coco Tutu tisse son propre ballet.

Valmigot
Photos : Valmigot, Hong-Kong ballet

Coco Tutu Hong-Kong
https://www.cocotutuatelier.com
Instagram : coco_tutu_atelier_hk