Le Musée du Verre François Décorchemont, situé à Conches-en-Ouche en Normandie, rend hommage à l’un des maîtres verriers les plus innovants du XXe siècle. François Décorchemont (1880-1971) a révolutionné l’art du verre en développant des techniques uniques de pâte de verre, alliant esthétisme et spiritualité.

L’exposition « François Décorchemont. L’alchimie de la matière, de la couleur et de la lumière » met en lumière le parcours et les innovations de ce maître verrier, figure emblématique de l’art décoratif français du XXe siècle.

Sous le commissariat d’Eric Louet, conservateur du musée, cette rétrospective, la première dédiée exclusivement à son œuvre en verre, rassemble une sélection précieuse de quelques 200 œuvres, issues de collections publiques et privées d’envergure nationale et internationale parmi lesquelles celles du Musée d’Orsay, du Musée des Arts Décoratifs (Paris), du Musée Adrien Dubouché (Limoges), du Musée d’art, d’histoire et d’archéologie (Evreux)…



Un parcours artistique singulier
Né à Conches-en-Ouche, François Décorchemont a été immergé dès son plus jeune âge dans un environnement artistique. Issu d’une famille de sculpteurs et d’artisans, il a étudié à l’École nationale des arts décoratifs de Paris, où il a côtoyé des figures majeures de l’art moderne.
D’abord peintre, puis céramiste, cet amoureux des couleurs, fasciné par la transparence des vitraux de l’église de son village natal, met au point une technique très personnelle en améliorant la production de pâte de verre dès 1902, lui assurant transparence et lumière.
Décorchemont a su marier tradition et innovation, en intégrant des motifs inspirés de la nature et de la spiritualité dans ses créations. Ses vitraux, notamment ceux réalisés pour l’église Sainte-Odile à Paris, témoignent de sa maîtrise technique et de sa sensibilité artistique. Son approche unique a été saluée par de nombreuses distinctions, dont le Grand Prix de l’Exposition universelle de Milan en 1906 et le Prix d’honneur pour la section vitrail à l’Exposition universelle de Paris en 1937.
François Décorchemont, l’alchimie de la matière, de la couleur et de la lumière
L’exposition présente les œuvres de manière chronologique dans un parcours en quatre sections, retraçant l’évolution artistique de Décorchemont :
1. L’éveil artistique : De l’héritage familiale à l’Ecole des arts décoratifs, de la Normandie à Paris, François Décorchemont, artiste inspiré par la nature et les impressionnistes, trace les premiers traits d’une carrière prometteuse. De nombreuses études aquarellées de fleurs, d’orfèvrerie et de petit mobilier, datées de cette époque, témoignent de son talent et de ses travaux récompensés.



2. L’art de la pâte de verre : Après l’École des arts décoratifs, François Décorchemont réalise dans un premier temps quelques reliures en cuir et près d’une cinquantaine de vases en grès moulés et émaillés de motifs végétaux inspirés du naturalisme de l’Art nouveau. A partir de 1903 et jusqu’à la Première Guerre mondiale, François Décorchemont effectue des recherches pour créer des objets d’art en pâte de verre inspirés du naturalisme de l’Art nouveau. De l’estampage au moulage à la cire perdue, sa technique évolue pour développer une pâte de verre colorée et transparente et donner ainsi naissance à des œuvres exceptionnelles.








3. Art déco et modernisme : Entre bouleversements personnels et évolutions artistiques François Décorchemont engage son travail vers la modernité de l’Art déco. Ses objets épousent les formes géométriques et les décors stylisés des années 1920. À partir de 1927, ses recherches s’orientent vers des objets à l’architecture puissante, marquées par des parois et des anses massives, des motifs géométriques et des couleurs plus transparentes. Reflétant la tendance vers le rationalisme des formes, qui s’accentue depuis l’Expo 1925 et qui deviendra le précepte de l’Union des artistes modernes créé en 1929, cette évolution illustre dans son travail une transition vers une esthétique plus épurée et fonctionnelle. Bien qu’il n’adhère pas à ce mouvement d’artistes et d’architectes, il en adoptera toutefois l’approche, créant lui aussi des pièces dépouillées d’ornements superflus, qui mettent davantage en valeur la pureté des lignes et des formes.



4. Le vitrail en pâte de verre : Après la crise économique de 1929, François Décorchemont se réinvente. Entre innovation artistique et défis, il crée dès 1932 des vitraux en pâte de verre qu’il diffuse dans les salons parisiens, puis dans les édifices publics et les églises euroises reconstruites après la guerre. Face au succès que remporte son invention de vitraux en pâte de verre sertis de ciment et grâce aux critiques positives de la presse, il poursuit dans cette voie et réalise entre-autres, en 1934, deux grands vitraux religieux en demi-lune figurant une Pietà et un Ave Maria, qui lui apportent en fin d’année la commande exceptionnelle des 300 m² de verrières de la nouvelle église Sainte-Odile, à Paris. Lors de l’Exposition internationale des arts et techniques dans la vie moderne de 1937, il expose notamment des vitraux dans les pavillons de la Normandie, de la ville de Paris, des Artistes Décorateurs, et enfin du vitrail, où il se voit décerner à cette occasion un diplôme d’honneur.







Et au premier étage du musée, des magnifiques vitraux de François Décorchement sont présentés dans les collections permanentes :



Une visite incontournable pour les amateurs d’art et de patrimoine
L’exposition dédiée à François Décorchemont au Musée du Verre de Conches-en-Ouche est une occasion unique de découvrir l’œuvre d’un artiste qui a marqué l’histoire de l’art verrier. Son approche novatrice, alliant technique et sensibilité, continue d’inspirer les créateurs contemporains. Elle met en lumière l’alchimie subtile entre la matière, la couleur et la lumière, caractéristique du travail de l’artiste.
L’Eglise Sainte-Marthe
Située à Sainte-Marthe, à 3 kms de Conches-en-Ouche. L’Eglise date du XVIe siècle remanié aux XIXe et XXe siècles. Il s’agit d’un mélange unique d’architecture intérieure Renaissance avec sa poutre de Gloire représentant le Christ ressuscité le matin de Pâques et des vitraux art déco représentant les scènes de l’Évangile – les Saintes Marthe, Jeanne d’Arc, Thérèse de Lisieux et Saint Louis – ont été réalisés entre 1955 et 1960 par François Décorchemont.
Restaurée à trois reprises en 2002, 2004 et 2007, l’Eglise Sainte-Marthe reste remarquable tant du point de vue historique qu’architectural. Ses vitraux sont inclus dans l’inventaire général du patrimoine de la France ainsi que le panneau sculpté représentant le Christ, du XVIe siècle (1962), la statue du Christ en croix du XVe siècle (1963), le retable du maître-autel du XVIIe siècle (1962), le tableau représentant l’Annonciation, de 1769 (1906), les stalles du XVIe siècle (1906).









L’atelier de François Décorchemont
Si son atelier – situé à Conches – n’est pas encore ouvert au public, ses enfants et petits-enfants espèrent dans le futur pouvoir le faire découvrir au plus grand nombre…







Véronique Spahis
Du 24 mai au 30 novembre 2025
Musée du Verre François Décorchemont, 25 rue Paul Guilbaud, 27190 Conches-en-Ouche
ouvert de mars à novembre, du mercredi au dimanche, de 14h à 18h.