Avec l’ouverture en juin 2022 de la Drawing House, petit dernier des hôtels du groupe Drawing Society, Carine Tissot et sa mère Christine Phal élargissent leur offre hôtelière. Ainsi, l’entreprise a deux activités : un volet artistique, avec la création en 2007 de la Drawing Now Art Fair, première foire européenne consacrée au dessin contemporain, l’inauguration en 2017 du Drawing Lab, un centre d’art privé, et la remise chaque année depuis 2011 du prix Drawing Now récompensant un artiste contemporain ; et un volet hôtelier, avec deux établissements, le Drawing Hotel ouvert en 2017 et la Drawing House ici présentée.
Dans le premier hôtel, comprenant 48 chambres, l’art investit les couloirs puisque chacun des cinq étages est designé par un artiste différent. Carine Tissot passe à la vitesse supérieure avec la Drawing House, qui abrite 143 chambres, car elle donne carte blanche à trois artistes pour que ceux-ci investissent les chambres. La directrice de l’établissement explique se servir du médium de l’hospitality pour faire la promotion du dessin contemporain, sa passion première. En effet, les clients accueillis sont souvent des amateurs d’art, et si les œuvres exposées dans l’hôtel ne sont pas à vendre, le personnel n’hésite pas à expliquer leur provenance et à relayer l’actualité des artistes.
Construite sur l’ancienne emprise de l’hôpital Léopold Bellan, la Drawing House souhaite s’inscrire dans la vie du quartier Montparnasse, au cœur du 14ème arrondissement. C’est pour cela que l’équipe travaille avec des artisans locaux, du boulanger au fromager. Certaines parties de l’hôtel sont également ouvertes aux visiteurs : les salles de séminaire situées au sous-sol, le Drawing Hall, qui présente une sélection d’œuvres tirées des collections personnelles de Christine Phal et de Carine Tissot, ainsi que le speakeasy, qui ouvre en octobre. Celui-ci s’appelle Dependence, d’après une œuvre de Jeanne Susplugas, et la décoration intérieure est prise en charge par l’artiste Lucie Picandet. La carte des boissons sera d’ailleurs inspirée de son univers.
Pour signaler encore davantage son ancrage parisien, la Drawing House expose dans l’entrée une peinture monumentale nommée Joséphine, réalisée par Alexandre et Florentine Lamarche-Ovize. Celle-ci reprend dans une composition murale harmonieuse les éléments caractéristiques de la personnalité de Joséphine Baker, une artiste qui affectionnait particulièrement le quartier — une place à son nom se trouve à seulement quelques minutes à pied de l’hôtel.
Les chambres des étages 1 à 3 sont designées par Mathieu Dufois, qui s’inspire de ses expéditions nocturnes dans la forêt pour créer Crypta, une œuvre réalisée à la pierre noire représentant des animaux sauvages.
Les étages 4 à 6 sont pris en charge par Karine Rougier, qui offre avec La balade des vents une multitude de clins d’œil à des œuvres d’art présentes dans des musées parisiens, et qui investit jusqu’à la moquette.
Les trois derniers étages accueillent l’intervention d’Alexandre et Florentine Lamarche-Ovize, qui plongent les clients dans une ambiance exotique et colorée avec Élisée, une géographie.
C’est Daniel Otero Torres qui agrémente le restaurant de sa volière, une œuvre représentant différentes espèces, parfois fantasques, d’oiseaux en voie de disparition. L’espace piscine, situé au sous-sol, est orné de reproductions à grande échelle d’aquarelles de Marion Charley, baignant les nageurs dans une atmosphère pastel.
Marie Agassant
Photos : Marie Agassant et Gaëlle Le Boulicaut
Drawing House, 21 rue Vercingétorix, 75014 Paris