Emailler le verre à la Renaissance

Sur les traces des artistes verriers entre Venise et France

Situé à moins d’une heure de Paris, que ce soit en voiture, en train ou en RER, le château national de la Renaissance, situé à Ecouen, est une destination idéale pour une sortie champêtre et culturelle, qui s’adresse également aux plus jeunes.

Construit en plusieurs étapes au XVIe siècle, ce château témoigne parfaitement de l’évolution architecturale du siècle de la Renaissance.

Il a conservé en majorité son décor d’origine, telles que ses douze cheminées peintes et ses frises ornées de rinceaux et grotesques qui forment un ensemble unique.

Il présente également l’originalité d’être un château semi-royal dans lequel des appartements sont aménagés spécifiquement pour Henri II et Catherine de Médicis.

C’est d’ailleurs dans les appartements de Catherine de Médicis que l’exposition Emailler le verre à la Renaissance prend place.

La production des verres émaillés et dorés de la Renaissance connait un succès extraordinaire dès la fin du XVe siècle, au point que dès le début du XVIe siècle des ateliers de verriers dans toute l’Europe essayent de copier ce raffinement dans la verrerie.

En effet, la mise au point du cristallodans les ateliers de verrerie vénitienne au XVe siècle, permet de réaliser une production très riche de verres émaillés et dorés.

Cette production a fasciné tant les cours européennes de la Renaissance qui ont développé leur production à la façon de Venise, que les collectionneurs du XIXe siècle qui ont incité une fabrication de pièces historiquement sincère mais considérées comme des faux.

L’exposition propose une approche particulièrement intéressante à la lumière des découvertes scientifiques en recoupant les apports de l’histoire de l’art et de l’archéologie.

Les trois sections de l’exposition essayent d’éclaircir les attributions et les datations de ces œuvres précieuses et si fragiles grâce à un éclairage scientifique inédit.

On y trouve de nombreuses pièces issues des collections de prestigieux musées comme le musée du Louvre, le musée national de la Renaissance, le musée des Arts décoratifs de Paris, le museo del Vetro di Murano…

L’aspect scientifique est capital pour comprendre les différences entre les productions des verriers de Venise ou à la façon de Venise.

En effet, grâce à la collaboration avec le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF), les ingénieurs de recherche, avec les historiens de l’art et les conservateurs, ont pu analyser la composition des différents verres grâce à AGLAE, l’accélérateur de particules du C2RMF.

Le verre étant au centre de l’exposition, celle-ci débute par une initiation sur la composition et la fabrication de cet art du feu pour mieux faire comprendre aux visiteurs les découvertes scientifiques récentes. Est également présentée dans cette section, la méthode employée par les chercheurs ayant réalisé les ana­lyses du verre-support des œuvres et des émaux grâce à l’accélérateur de particules AGLAE du C2RMF. C’est cette méthode qui a permis de définir des critères de sélection conformes ou non aux recettes vénitiennes de la Renaissance d’après des références précises (verres archéologiques, objets, sources écrites).

Puis l’exposition s’ouvre sur les plus rares pièces des ateliers vénitiens entre 1450 et 1550, et celles à la façon de Venise assez proches tant dans la composition que dans les décors.

Cette section revient sur les innovations liées au développement et au renouveau de la verrerie vénitienne. D’une part, la décoration dorée et émaillée, déjà en usage à Venise aux XIIIe et XIVe siècles, et d’autre part, la mise au point de la recette du cristallo, un verre d’une grande pureté.

Enfin, une section de l’exposi­tion, est dédiée à la délicate et passionnante question des pièces historicistes et permet d’esquis­ser des réflexions autour du collectionnisme des XIXe et XXe siècles.

Plusieurs supports sont proposés pour approfondir l’exposition.

Tout d’abord, le catalogue d’exposition, très complet, réunit les contributions de spécialistes renommés de l’histoire de l’art du verre de la Renaissance (Éditions RMN-GP).

Deux conférences ainsi qu’un colloque scientifique seront organisés début 2022.

Une programmation culturelle et pédagogique est également proposée :

– des visites-conférences, les samedis, dimanches et pendant les vacances de la zone C (A 11h00 et à 15h30

– des visites et ateliers en famille – Photographie et verre – 27 octobre, 3 novembre, 7 novembre et 5 décembre 2021 – 14h à 17h

Les enfants sont invités à découvrir les arts de la table dans la verrerie vénitienne. Par jeu de superposition d’images et de découpages et en posant directement des objets en verre sur la surface photosensible, ils vont ensuite créer leur propre composition grâce à la technique photographique du photogramme.

Enfin, la création d’une pièce de théâtre, La fille aux yeux d’émail ou le fabuleux et rocambolesque destin du verre émaillé sera présentée les 20 novembre 17h30 et 21 janvier 20h.

« Le 3 décembre 1881, une femme se présente à l’hôtel des ventes Drouot. Elle exige de ren­contrer le commissaire-priseur chargé de la vente, afin de lui confier la provenance douteuse de certaines pièces, en particulier une collection de verres émaillés vénitiens…

Il devra remonter jusqu’aux heures de la Renaissance, quand toutes les cours d’Europe s’arrachaient le secret de fabrication de ces précieux verres dont Venise voudra conserver l’exclusivité et le monopole. » Création du Théâtre de la vallée, sur un texte de René Fix.

Olivia Bellin-Zéboulon

Crédits photo :

©RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Franck Raux

©Soprintendenza Archeologia, Belle Arti e Paesaggio per l’area metropolitana di Venezia e le province di Βelluno, Padova e Treviso

Commissariat général : Thierry Crépin-Leblond, conservateur général du patrimoine, directeur du musée national de la Renaissance, Château d’Écouen.

Commissariat scientifique : Aurélie Gerbier, conservatrice du patrimoine au musée national de la Renaissance, Château d’Écouen ; Françoise Barbe, conservatrice en chef au département des Objets d’art du musée du Louvre ; Isabelle Biron, ingénieure de recherche au C2RMF.

du 13 octobre 2021 au 14 février 2022

Musée national de la Renaissance, Château d’Écouen – 95 440 Écouen / 01 34 38 38 50

Ouvert tous les jours sauf le mardi de 9h30 à 12h45 et de 14h00 à 17h15

www.musee-renaissance.fr