La femme qui danse

Après avoir tutoyé les étoiles, Marie-Claude Pietragalla revient sur terre partager son art, sa passion, la vulgariser pour ceux qui n’en connaissent pas les codes. On souligne toujours et encore -comme pourrait-il en être autrement- le talent pur, la grâce alliée à la puissance d’une artiste qui a porté si haut les couleurs d’une discipline parmi les plus exigeantes. Les professeurs qui se succédèrent dans son apprentissage ne s’y sont pas trompés. Pietra, comme elle aime à se faire appeler, deviendrait une étoile de la plus grande compagnie de danse au monde, collaborant avec les plus grands chorégraphes de la planète, d’abord dans tous les rôles phares du répertoire classique puis dans des créations contemporaines.

On loue donc légitimement son talent, mais ce n’est pas seulement cela qui me touche dans son parcours alors même qu’elle célèbre, au travers de ce spectacle, plus de quarante années à danser avec la même fièvre communicative. La route de Pietragalla n’a pas toujours été pavé de roses, à tout le moins certaines portaient les épines de la contestation ou de la jalousie, qui sait. On lui reprocha un temps de trop vouloir extraire du sérail, cette discipline par trop élitiste qu’est la danse, classique comme contemporaine. Une question est ainsi posée avec beaucoup d’humour et d’esprit aux deux tiers de la représentation : « La culture est-elle nocive pour l’art ? ». Après avoir vu le documentaire consacré au passage éclair de Benjamin Millepied à la direction de l’Opéra de Paris, il apparaît que la réponse soit oui, trop souvent encore.

Ce qui fascine chez cette artiste tellement ouverte au monde, d’une grande humanité, tient à sa capacité de transmettre sur les planches, les plus nobles et parfois pointus des auteurs et chorégraphes. Elle parle de la danse comme la première des expressions dont l’Homme fut capable puisque le mouvement apparut bien avant la parole ou toute autre forme d’expression. La danse dans le simple acte de se mouvoir, porte en elle un besoin vital, animal, tribal que tout un chacun peut expérimenter ou ressentir lorsqu’il assistera pour la première fois à une chorégraphie. Revenir sur les étapes de son aventure, comprendre les motivations, à 58 ans, de proposer cette création où se concentre l’essence de ce qu’elle a appris puis façonné par elle-même, mêlant danse, vidéo, musique dont la cadence s’adapte parfois au diapason de la gestuelle… autant de sujets que Vents d’Orage se devait d’aborder avec une immense et pourtant si accessible artiste. Le fruit de nos échanges dans cette longue interview que Marie-Claude Pietragalla a tout de suite accepté de m’accorder :

(lien vers le fichier audio)

Le pitch : Marie-Claude Pietragalla fête ses 40 ans sur scène. De danseuse Étoile à chorégraphe de sa propre compagnie le Théâtre du Corps, cette artiste singulière a choisi de vivre la danse comme un art total.

Dans ce seule en scène, Pietra révèle l’indicible de son métier et de son art, et est tour à tour guide et témoin, muse et créatrice, actrice et danseuse. Se définissant comme une femme qui danse, Pietra nous dévoile en confidence ce qui constitue un parcours de vie.

« Je suis un animal dansant, un être incarné et désincarné qui évolue au gré d’un rythme intérieur, d’un souffle musical, d’une conscience éclairée. » Marie-Claude Pietragalla

David Fargier

Bande annonce

La femme qui danse

Auteur : Marie-Claude Pietragalla ; Chorégraphie et mise en scène : Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault ; Avec : Marie-Claude Pietragalla

Jusqu’au 31 décembre 2021, les vendredis et samedis

Théâtre de La Madeleine,19 rue de Surène, 75008 Paris

Réservations