La maison des Renoir
Dans la deuxième partie de sa vie, le peintre est reconnu, et peut amplement vivre de son art. Le couple, Auguste et Aline Renoir, acquiert la maison en 1896 pour une valeur de 4 000 francs. Pour donner un ordre d’idée, en 1892, Renoir a réalisé plusieurs versions d’un même tableau intitulé Jeunes filles au piano, dont l’un a été acheté par l’État pour la somme de 4 000 francs, soit presque dix ans du salaire d’un ouvrier agricole.
Avec cet achat, le couple devient propriétaire pour la première fois, et Madame Renoir réalise son rêve de posséder un pied-à-terre dans son village natal. Il s’agit de deux maisons de vignerons réunies en une seule après 4 à 5 années de travaux, qui se compose au final d’un rez-de-chaussée avec les pièces à vivre, d’un premier étage réunissant les chambres de la famille et de combles aménagés pour les chambres des domestiques. La tour est également une addition réalisée par la famille qui accueille l’escalier desservant les étages.
A la mort du peintre, Pierre, l’ainé des Renoir hérite de la demeure essoyenne, puis son fils Claude Jr et enfin Sophie Renoir en a été la dernière propriétaire. Elle a revendu la maison à la commune d’Essoyes en 2012.
Dans les premiers temps, Renoir travaille lors des séjours estivaux à Essoyes. Les domestiques Gabrielle Renard et Renée Jolivet, respectivement nourrice de Jean et de Coco, posent régulièrement pour le peintre. Le paravent a été reconstitué à partir d’une photo où figurait Aline. Ce type de panneau servait de fond au tableau de Renoir.
Quelques-uns des meubles installés dans le salon/atelier ont été laissés par Sophie Renoir, et ont appartenu à la famille du peintre : le guéridon et la maie. Le piano a été donné par une habitante du village, et fait penser à celui figurant sur le tableau Jeunes filles au piano.
Avoir une chambre séparée permet à Aline de veiller plus facilement sur ses enfants, qui dormaient juste à côté, et de dormir plus longtemps le matin. Souvent réveillée dans la nuit, pour s’occuper notamment de Coco, elle rattrapait ces courtes nuits le matin, pendant que le reste de la maison s’activait un peu plus tôt.
La présence d’une coiffeuse raffinée en marqueterie, à côté du lit d’Aline, peut paraître anachronique, et elle l’est, dénotant avec le cadre rustique du reste du mobilier ! Le meuble appartenait à Vera Sergine, première femme de Pierre Renoir, mère de Claude Jr, et grand- mère de Sophie.
Quant aux tapisseries des trois chambres et du salon, elles ont été reproduites quasiment à l’identique par l’atelier d’Offard, spécialisé dans la fabrication de tapisserie ancienne.
Jusqu’en septembre 2019, est présenté un choix d’œuvres originales de grande qualité issues de la collection Paul Rosenberg, le grand-père d’Anne Sinclair. Cette exposition peut être considérée comme une « évocation de la superbe exposition Renoir de 1934 par Paul Rosenberg ». Des archives de l’époque seront présentées
Maison des Renoir
10360 Essoyes
Photos in situ : Véronique Grange-Spahis