Félins, au Muséum national d’Histoire naturelle

Le Muséum national d’Histoire naturelle présente une exceptionnelle famille d’animaux : les félins. La Grande galerie de l’Évolution dévoile cette incroyable exposition pour laquelle conceptrices d’exposition, scénographe, commissaire et conseillers scientifiques ont travaillé avec les taxidermistes et préparateur ostéologique de l’Institution afin de permettre aux visiteurs d’observer des spécimens restaurés.

La première partie de l’exposition s’ouvre avec Fascinants Félins, qui présente les trente-huit espèces de félins sauvages qui vivent actuellement sur la planète. À côté d’animaux immédiatement reconnaissables : tigre, lion, jaguar, panthère etc., de nombreux autres mammifères d’une étonnante beauté attirent l’œil : le guigna, l’ocelot, le jaguarondi, le chat à tête plate etc. La fresque féline affiche la famille au grand complet, et les spécimens restaurés à cette occasion sont saisissants. Présentés par zones géographiques, ces spécimens sont accompagnés de cartels numériques, expliquant les caractéristiques de chacun des félins : poids, âge de vie, taille, menaces, habitat et répartition.

La commissaire d’exposition scientifique, Géraldine Veron, a fait le choix judicieux de présenter les menaces des félins dès la première section de l’exposition. Un reportage d’une dizaine de minutes évoque ces dangers et la menace imminente d’un grand nombre d’espèces, notamment des plus petites d’entre elles. Parmi les raisons qui pèsent sur leur très probable extinction, le braconnage et la chasse, ainsi que la destruction de leurs habitats naturels. À titre d’exemple, les tigres ont perdu 93 % de leur territoire tandis que les guépards sont passés de 100 000 individus à tout juste 7000 en moins d’un siècle. À ce rythme, le lion pourrait disparaître d’ici 2050. L’Histoire a connu quatre extinctions d’espèces, mais la cinquième, en cours, est la première à être provoquée par l’activité humaine.


La deuxième partie de l’exposition, De parfaits prédateurs ? invite le visiteur à découvrir le félin comme un chasseur hors-pair. Lion ou chat utilisent par ailleurs la même technique. Afin de l’illustrer, de nombreuses scènes de taxidermie ont été conçues pour figurer ces moments de grande intensité : on y voit des félins en pleine action pourchassant leur proie.

Une présentation anatomique du félin rend compte des raisons sensorielles qui en font un prédateur si puissant : ouïe extraordinaire (jusqu’à 80kHz là où l’humain arrive à 20kHz), oreilles rotatives à 180° et pouvant fonctionner, chacune, de manière autonome, vision nocturne excellente (une installation nous permet d’ailleurs de voir avec les yeux d’un chat). Ajoutez à cela un sens du toucher aigu, grâce aux vibrisses, poils épais et sensibles permettant de se déplacer dans le noir sans heurts.

Leur anatomie exceptionnelle leur permet donc de sauter, courir, nager (n’oublions pas le chat pêcheur) et de retomber sur leurs pattes ! En effet, grâce à son oreille interne, le félin peut se retourner lors d’une chute tout en prenant conscience de son orientation dans l’espace. Une cascade de squelettes illustre cette prouesse féline !

La troisième partie de l’exposition, Des félins et des hommes, interroge le lien ancien que nouent ces derniers. Grâce aux prêts de musées tels que le quai Branly-Jacques Chirac ou le musée Guimet, les félins sont présentés au carrefour de plusieurs civilisations et pays : Égypte, Grèce, Asie, Afrique etc. Symbole de puissance, de protection ou de courage, le félin est la source d’inspiration de sculptures, statues, photographies, vêtements, masques etc. L’exposition présente, entre autres, la place du lion dans la mythologie égyptienne, à l’image du Sphinx royal au nom de Néctanebo (-379 à -361) ou encore de la Déesse chatte Bastet (-664 – 332). Le parcours présente également la symbolique du tigre et du lion en Inde, au Japon et en Chine, celle du puma et du jaguar dans la mythologie amérindienne, ainsi que la place du léopard et du lion chez les chefs africains.

Enfin, la dernière partie de l’exposition Apprivoisés ou domestiqués ? retrace l’histoire de la domination de l’Homme sur les félins à travers les âges et les cultures. Dans cette section, c’est notre félin de compagnie qui est à l’honneur.  Une émouvante reconstitution de la plus ancienne tombe connue avec un chat, à Chypre, prouve que la domestication de ce félin est bien antérieure aux domestications égyptiennes, puisque que cette « sépulture au chat » est vieille de 9500 ans. Un lent processus de domestication du chat s’est fait notamment en raison de la présence des souris. Proliférant autour des stocks de récoltes, les rongeurs ont attiré les félins, qui se sont alors rapprochés de l’Homme. Nos chats domestiques proviennent en partie de cette très ancienne domestication.


De Georges Perec à Sophie Calle (photographiée avec son inoubliable chat “Souris”), en passant par Georges Brassens ou Henri Matisse, la visite se clôt sur de belles photographies qui immortalisent le lien de l’Homme avec le chat,

                      “chat mystérieux,

 Chat séraphique, chat étrange,

 En qui tout est, comme en un ange,

 Aussi subtil qu’harmonieux !”  (Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1857)

Enfin, ne manquez pas le magnifique livre conçu à l’occasion de cette exposition Félins, petit dictionnaire illustré, écrit sous la direction scientifique de Géraldine Veron, disponible dans la boutique du musée.

 
Perrine Decker

Du 22 mars 2023 au 7 janvier 2024

Muséum national d’Histoire naturelle, Grande galerie de l’évolution, 36 rue Geoffroy Saint-Hilaire

Ouvert tous les jours, sauf les mardis de 10h à 18h

Réservations : https://www.mnhn.fr/fr/acheter-un-billet