Incarnations, le corps dans la collection du macLYON

Hommage au corps humain sous toutes ses formes et dans tous ses états, tel est le but de l’exposition qui se tient en ce moment au Musée d’Art Contemporain de Lyon. Du 24 février au 9 juillet 2003, cette exposition promet de nous faire découvrir une sélection d’œuvres issue de la collection permanente du musée. Et quelle collection ! Constituée depuis 40 ans, composée de 1600 œuvres, elle vaut le détour pour qui sait apprécier à sa juste valeur les notions de non-conformisme et d’authenticité.

Construite en deux actes, l’exposition reconsidère intégralement le concept de corps et interroge la division classique de l’âme et du corps avec une supériorité de la première par rapport au second. Très nietzschéenne, elle redonne ses lettres de noblesse à un corps qui se caractérise par sa mutabilité, son irrégularité finalement par son réalisme.

Être, être soi, être son corps est le premier acte de cette exposition visible jusqu’en juillet. Celui-ci s’intéresse à la dimension organique du corps, son enveloppe charnelle et la façon dont les artistes en font un outil de réflexion et d’expérimentation, repoussant ses limites et éprouvant sa faillibilité. Que le visiteur ne s’attende pas à trouver un éloge du corps mais se prépare plutôt à le voir malmené, esquinté presque puni. Des impressionnants tableaux d’Alain Pouillet arborant des corps en position précaire dans un décors opulent, à la performance de Marina Abramović et Ulay qui teste la résistance d’un homme tentant de se défaire d’une corde qui lui cisaille le ventre au triptyque vidéo sur les ongles meurtris de Dennis Oppenheim, le corps en prend pour son grade. Frisant l’inconfortable, cette exposition joue sur la capacité qu’à le corps à nous révulser comme à nous fasciner.

Tous les supports sont exploités ; le papier, la toile, la vidéo, le bois et même la baignoire. C’est le parti pris de Philippe Droguet qui expose une baignoire joliment peinte recouverte de clous. Alternant douceur et violence, il entend susciter des réactions paradoxales que le spectateur puisse percevoir au plus profond de son corps. Le malaise, le doute, il s’y expose lorsqu’il pénètre dans les salles d’expositions mais c’est la volonté même des artistes qui souhaitent déclencher chez lui des sensations porteuses de sens. Rarement il aura autant pensé son corps.

L’exposition nous laisse également perplexe et peut être même un peu amusés lorsqu’elle nous place face aux photographies de l’artiste Ben capturé dans ses moindres faits et gestes. En train de manger, faire des grimaces, donner un coup de pied. Elle brouille nos repères quand elle nous conduit dans le monde complétement bleu d’Alex Da Corte qui, nous baignant dans un univers purement monochrome, bouscule nos repères et notre façon d’appréhender l’espace.

Finalement, la pièce maitresse de cette exposition est Le Living. Cet espace collaboratif, innovant et habile qui réunit petit et grand pour leurs permettre de pratiquer à leur tour la discipline artistique. Ateliers dessins, sculptures, livres et podcasts se succèdent pour vous offrir un moment de tranquillité et d’expérimentation qui vous donnera envie d’y revenir. Et ça tombe bien ! Le second acte de l’exposition débute en septembre autour de la confrontation du corps à l’autre et à son environnement avec une sélection d’œuvres et artistes entièrement renouvelée et très prometteuse.

Cassandre Specty

Du 24 février au 9 juillet 2023

Musée d’Art Contemporain, 81 Quai Charles de Gaulle, 69006 Lyon

Ouvert du mercredi au dimanche, de 11h à 18h

https://www.mac-lyon.com/fr/programmation/incarnations-le-corps-dans-la-collection