Je les signe tous
Se laisser surprendre… se laisser aller… se laisser aller à la découverte de l’autre… cet autre si différent. Différent peut-être, différent tant mieux. Œuvrer modestement à la promotion de bons spectacles, donner envie sont mes leitmotivs. Ce n’est pas pour cela que je me prête à une certaine prise de risque, pas autant que je le devrais. Et c’est un tort car, soyons sérieux, quel risque y a-t-il vraiment à assister à un spectacle, même s’il sort de l’ordinaire. Surtout s’il sort de l’ordinaire !
Et c’est bel et bien le cas avec Je les signe tous. Une femme y parle ici avec tendresse, force et douceur de sa propre personne. Bien sûr ne dit-on pas qu’écrire est toujours un rien autobiographique ? Mais une femme qui parle aux autres femmes, des autres femmes tant le propos est universel. Une femme qui parle aux hommes, aussi. Elle en a connus, des loulous, pas toujours gentils, pas toujours prévenants. Pourtant elle dit les aimer tous. Sans doute parce que cette histoire parle, au-delà des sentiments, de pardon, d’écoute, de bienveillance. Le genre de narration à l’accent candide qui rend le monde plus supportable.
Un spectacle qui parle des différences : celle d’être une femme en est déjà une ; l’actualité sordide nous valant des réveils de gueule de bois, vous l’aurez noté. Celle d’être artiste, celle d’être ronde et de vouloir mener sa barque, considérant qu’elle se suffit déjà à elle-même. Et puis un spectacle qui parle des différences de l’autre. Celui qui n’entend pas, au sens propre comme au sens figuré. Celui qui n’a pas la même orientation sexuelle que vous ou moi. Mais au final, qui n’est pas différent, d’une manière ou d’une autre ?! Quelques chansons moins naïves qu’il n’y parait, interprétées d’une voix angélique et chansignées par une comédienne et pas seulement une sourde… voici la recette d’un beau moment d’émotion.
Tant de choses intrigantes ont poussé Vents d’Orage à la rencontre que cette équipée pour le moins hors du commun. La voici donc en images :
Le pitch :
Un concert-spectacle à entendre avec les yeux, et écouter avec le cœur.
Mathilde l’avoue sans hésitation : son obsession, c’est le texte ! Les mots, leur musique à eux, leur roulis sur la mélodie, dans sa bouche, mais aussi, surtout, leur sens, les histoires fabuleuses ou parfois terribles qu’ils sont capables de raconter… leur pouvoir fascinant, inégalé ! Et pour Mathilde, bien chanter n’est finalement qu’un truchement pour mener le public jusqu’à la magie de ces mots qu’elle adore.
C’est à l’occasion de sa découverte du Chansigne, et de la poésie absolue de cette expression particulière de la Langue des Signes qu’un feu naît au fond de son cœur : chanter des histoires et les voir chansignés en même temps, pour conter ses histoires à tous, unir entendants, malentendants et sourds pour leur conter aventures et mésaventures, en ouvrant particulièrement aux entendants une porte vers la puissance bouleversante du Chansigne et de la LSF. À travers Je Les Signe Tous, le concert-spectacle tiré de son premier album Je Les Aime Tous et mêlant aussi des chansons récentes et inédites, Mathilde, accompagnée d’un guitariste et d’un alter-ego chansigneur, dévoile le journal intime d’une âme naïve et pleine d’espoir, voguant à travers les dangereuses contrées de l’amour, celui des autres, mais surtout celui de soi.
Une quête du bonheur et de la liberté à travers la musique, qu’on l’entende avec les oreilles ou les yeux, pourvu qu’elle touche au plus profond de l’être.
Je les signe tous
Auteur : Mathilde
Mise en scène : Colombe Barsacq et Mathilde
Avec : Mathilde, Maylis Balyan, Vladimir Medail ou Antoine Laudière
Jusqu’au 6 janvier 2018, le samedi à 17h00
Studio Hébertot
78 bis boulevard des Batignolles
75017 Paris
David Fargier – Vents d’Orage