Le chant d’amour des baleines à bosse

Maître de chant des profondeurs depuis plus de 30 millions d’années, un poids moyen de 30 tonnes pour 15 mètres de long, facétieuse acrobate avec ses immenses nageoires, la baleine à bosse, en exploratrice accomplie, ne cesse de nous surprendre.

Leur grand rassemblement en Polynésie française pour rejoindre des eaux riches en krill est imminent. L’occasion de suivre ce mammifère bien singulier grâce à son souffle qui vaporise via son évent, à presque trois mètres, un nuage caractéristique.

Ne nous y trompons pas, nous suivons la baleine à bosse parce qu’elle le veut bien.

Une fois le nageur lâché en eaux profondes à plus de 150 mètres du cétacé, avec pour consignes de la part de Sébastien de Tahiti Trip Fishing, de palmer très doucement, de s’immobiliser à proximité de l’animal si il est encore là, l’interdiction de plonger, de le suivre, de le toucher, le nageur devra malgré la houle, le courant, une visibilité aléatoire, faire confiance à sa bonne étoile pour que l’improbable rencontre ait bien lieu. C’est très loin d’être gagné et certains renoncent devant autant de contraintes, même quand la mise à l’eau est possible ce qui est loin d’être systématique. Le rendez-vous se mérite, la patience et le respect en sont les clefs.

Mais voilà que le souhait se concrétise. Dans cette curiosité de l’enfance, un baleineau vient à votre rencontre du fin fond de l’océan pacifique et vous regarde avec toute la douceur de son être. Vous ne serez plus jamais le même, bouleversé par l’humanité de ce regard. Vous êtes tout petit, il est déjà bien grand, vous pourriez être son parent, il est si jeune et pourtant dans cette fraction de seconde il vous transmet l’humilité et l’évidence de la fragilité du monde. La mère juste derrière remonte toute en grâce et délicatesse. Elle prend tout autant soin de vous que de son bébé. Ce moment de communication inter espèces est quasi mystique. Puis c’est en silence qu’on se quitte, enfin presque parce que juste après, une vibration acoustique vous traverse.

Le niveau d’eau monte (comprendre : vos larmes sont au bord des yeux). Vous retournez à votre monde en n’étant plus très sûr de la suprématie de votre espèce.

Le chant serait l’apanage des mâles, néanmoins les femelles et les baleineaux émettent aussi des sons. Ces chants élaborés resserrent les liens de coopération et sont le signal de la saison des amours. On peut sérieusement y voir un langage.
Depuis peu des scientifiques s’accordent justement sur le fait que les baleines possèdent des cordes vocales même si leur système laryngé est différent de celui des mammifères terrestres. Ce n’est pas tout !

Alors qu’il ne fait plus de doute que ces chants sont la manifestation du désir d’un rapport à l’autre, d’une communication, la découverte récente d’un type de cellules cérébrales chez les baleines, observées à ce jour uniquement chez l’homme et les grands singes, remet en cause notre vision des cétacés.  

Il s’agit des neurones en fuseau qui sont responsables de notre organisation sociale, de notre empathie, de la parole ainsi que d’autres réactions rapides et instinctives. Il ne semble pas abusif de pouvoir rajouter intuitives. Les baleines à bosse en sont bien pourvues dans des proportions supérieures à l’homme. L’émotion caractérise ce neurone dont le sentiment d’amour.

En plus des chants, les baleines à bosse émettent des sons pulsés d’environ 5 à 10 secondes. Il s’agit d’une vocalisation constante tant en fréquence qu’en amplitude.

L’humain ne sait pas encore reconnaître l’information véhiculée par ces vocalises ce qui n’est pas le cas des poissons qui s’enfuient sans demander leur reste.

L’humain contemple, là où les poissons détalent. Nous appellerons cela la décontraction de l’ignorance. Une de plus à propos des cétacés qui ont beaucoup à nous apprendre.

Roger Payne fut le premier à s’intéresser au chant des baleines à bosse au début des années 70. Il associa la longueur des vocalisations aux rimes d’un poème avec la certitude d’une quantité d’informations partagées. Nos baleines sont des artistes.

Chacune a ses propres enchainements musicaux qu’elle peut répéter plusieurs heures durant. Cependant ces chants obéissent à des règles syntaxiques précises communes au groupe auquel elle appartient.

Au fil des rencontres avec d’autres groupes des mutations syntaxiques s’opèrent. Il existe un véritable échange artistique faisant évoluer sans cesse le chant. On peut parler d’influences et d’interactivités.

Elles connaissent, reconnaissent leurs propres sons mais elles en créent de nouveaux enrichissants sans cesse leur répertoire.

Les baleines à bosse sont des altruistes joyeuses avec le chant en partage.

Arrêtons de les chasser, aimons-les comme elles aiment et écoutons-les nous chanter la mélodie du bonheur.

Photos et texte : Valmigot

Les baleines à bosse en Polynésie française sont visibles d’août à novembre

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