Les affluents

Depuis 28 ans, l’association l’ACID promeut chaque année une vingtaine de longs métrages réalisés par de nouveaux cinéastes, afin de valoriser le renouvellement et la diversité du cinéma.

Cette année, dans la programmation de l’ACID Cannes 2020 « Hors les murs », on trouve le tout premier long métrage de Jessé Miceli.

En 2010, le jeune cinéaste découvre le Cambodge à l’occasion d’un voyage. Son expérience du pays et ses rencontres le captivent tellement qu’elles vont lui inspirer Les affluents.

Depuis quelques temps maintenant, la vie des cambodgiens est en pleine mutation. L’ancienne société rurale et traditionaliste se transforme à une vitesse folle en une société urbaine et capitaliste.

Le résultat c’est que la structure sociale du Cambodge est pleine de contrastes : à mi-chemin entre la pauvreté et le luxe, la campagne et la ville, l’ancien et le nouveau.

Entre le documentaire et la fiction, Les affluents tend précisément à mettre en scène ces contradictions.

Comme les jeunes cambodgiens sont les premiers à subir les conséquences de cette société écartelée, puisqu’ils sont rapidement entrainés dans cet élan capitaliste qui leur insuffle l’espoir d’une vie meilleure, Miceli a choisi de relater le parcours de trois d’entre eux. À travers les personnages de Songsa (un adolescent introverti envoyé par sa famille dans la capitale pour vendre des vêtements), Phearum (qui investit dans un taxi), et Thy (un jeune adulte qui monétise son corps afin de réunir assez d’argent pour s’acheter une moto), Les affluents nous dépeint une jeunesse déstabilisée, qui tente de suivre le rythme d’un monde en plein changement :

« Comme dévorés par leur environnement, ils vivent dans le paradoxe d’un Univers où coexiste le consumérisme effréné et la survie quotidienne comme si le monde allait décidément plus vite qu’eux. »

Le jeu très expressif des acteurs parvient à nous communiquer le désarroi de ces personnages touchants.

De plus, et même si le film est très lisible, la mise en scène nous aide à ressentir ce sentiment de contradiction vécu par les personnages : pendant 83 minutes les scènes de jour éclairées par la lumière naturelle du soleil cambodgiens chevauches des scènes de nuit illuminées par des lumières artificielles.

Une belle réussite tant le film nous immerge dans cette vie effrénée et nous pousse à la réflexion.

Un premier long métrage entre récit et discours, plein d’espoir pour le jeune réalisateur Jessé Miceli !

Manuella Sorin

83 minutes / Fiction / Cambodge / 2020

Ecriture et réalisation : Jessé Miceli

Production :  Horoma Films

Coproduction : Perspective Films

Avec la participation de : Kampuchea Tela Co, LTD & TL Group International

Image: Run Sokheng

Son : Chek Dara

Montage : Clément Selitzki

Avec : Sek Songsa, Eang Phearum, Rom Rithy, Vann Lek, Nicól Bear, Alexandre Barthélémy, Douglas Shakels

Avant-premières en présence des équipes des films :  

du 25 au 29 septembre à Paris au Louxor

du 30 septembre au 2 octobre à Montreuil au Méliès

du 1er au 5 octobre à Malakoff au cinéma Le Marcel Pagnol

du 2 au 4 octobre à Lyon au Comoedia 

du 8 au 11 octobre à Marseille à La Baleine & au Gyptis 

du 10 au 18 octobre à Lisbonne dans le cadre de la Festa do Cinema Francês

du 10 au 13 novembre à Porto-Vecchio à la Cinémathèque de Corse

du 20 au 29 novembre à Belgrade dans le cadre du Festival du Film d’auteur