Les Beaux

Cette œuvre, écrite par Léonore Confino, interroge le spectateur sur l’amour dans le quotidien, ou comment s’aimer après s’être détesté.

Le goût de l’écriture est venu à Léonore Confino dans l’observation des hommes et des femmes lors de ses « boulots d’appoints », en parallèle de ses études de cinéma.

Ce sens aiguisé de l’observation se fait parfaitement ressentir dans sa pièce Les Beaux, où elle est partie de l’observation des enfants en train de jouer, pour concevoir comment ils s’approprient les mots et les maux des adultes et les transposent dans leur imaginaire d’enfants.

Au début de la pièce, un homme et une femme s’aiment, s’enlacent, se disent des mots tendres mais pourtant tout sonne faux et irréel. On comprend ensuite qu’il s’agit du dialogue entre Barbie et Ken, imaginé par une petite fille de 7 ans, Alice qui entend ses parents se disputer violemment.

Dans la deuxième partie de la pièce, les « vrais » parents font face aux spectateurs, et en leur révélant leurs petites mesquineries et grandes discordes, ils nous montrent le chemin vers une introspection profonde du couple.

On est tiraillé entre rires et larmes. D’un côté on rit face à la puérilité de ce couple soumis au stress, à l’hyper-connexion, à l’indifférence que l’on peut ressentir en tant que trentenaires actifs vivant en ville. De l’autre côté, on pleure d’émotion quand ce couple à la dérive renoue avec leur sentiment, leur désir et leur instinct lorsque leur petite fille fugue.

Si le texte poignant de Léonore Confino est le point de départ de toutes ces émotions qui surgissent ou ressurgissent en nous, la mise en scène de Côme de Bellescize y apporte énergie et humour en mêlant comédie et drame.

Sa mise en scène est à la fois épurée et lisse comme Barbie et Ken, puis déstructurée et sans dessus dessous comme ce couple.

Élodie Navarre, tour à tour furieuse, en souffrance, inquiète, passionnée, et Emmanuel Noblet, égaré, à bout, touchant, au bord des larmes, apportent tous deux profondeur et réalisme, au texte de Léonore Confino par leurs interprétations magistrales.

Olivia Bellin-Zéboulon

Les Beaux de Léonore Confino

Mise en scène de Côme de Bellescize, avec Elodie Navarre et Emmanuel Noblet