Le 3 mai 2025 nous fêtons le centenaire de la mort de Louis Delaporte, un des officiers de marine ayant participé à l’expédition du Mékong. À l’occasion, une exposition est organisée du 22 mai au 21 septembre 2025 dans sa ville natale, Loches, en Indre et Loire afin de rendre hommage à sa carrière et à ses découvertes.

L’expédition du Mékong
Louis Delaporte est né le 11 janvier 1842 dans une famille aisée vivant au pied du donjon de la forteresse royale de Loches. Très jeune il se prend de passion pour le dessin tout en nourrissant une vocation de marin. Le jeune garçon quitte donc le collège d’Orléans pour s’inscrire à celui de Lorient qui prépare l’entrée à l’École navale de Brest où il est reçu en 1858 à l’âge de 16 ans. Deux ans plus tard, en 1860, Louis a 18 ans et devient officiellement officier de marine dans un contexte colonial très important.


Après plusieurs expéditions notamment à Vera Cruz, en Islande et dans le Nord de l’Europe, c’est en 1866 que le jeune Lochois de 24 ans est recruté pour rejoindre l’expédition du Mékong, un grand périple vers la Cochinchine, en actuel Viet Nâm. Cette exploration avait pour but principal de déterminer la navigabilité du Mékong afin d’en faire un potentiel nouvel axe de communication et de commerce dans la péninsule Indochinoise.


Mais le voyage n’a pas uniquement un but commercial. Louis est un jeune officier et il est recruté en grande partie pour ses talents de dessinateur. Au cours de l’expédition, sa mission est donc d’observer les lieux, les paysages, les communautés locales et surtout les pièces d’art, d’architecture et d’artisanat puis de les reproduire sur le papier pour les compiler presque comme un dossier de recherches scientifiques.
La découverte d’Angkor
C’est en avril 1867 que Louis Delaporte visite pour la première fois les ruines d’Angkor, sur un territoire de l’actuel Cambodge. Il est profondément marqué par la beauté, la complexité et la grandeur des temples, en particulier Angkor Wat et Angkor Thom, qu’il compare à l’art grec et égyptien.


Étant embauché comme dessinateur officiel de la mission, il réalise de très nombreux croquis très détaillés, associant dessin d’architecture, vues d’ensemble et motifs décoratifs. Il y ajoute également des portraits des habitants et des membres des communautés locales qu’il rencontre.


A terme, les visuels de Louis Delaporte joueront un rôle clé dans la diffusion de l’image d’Angkor en Europe car ils vont permettre de déconstruire le stéréotype selon lequel Angkor ne serait qu’une curiosité coloniale et non une civilisation artistique majeure.
Ramener Angkor à Paris
Pour comprendre le déroulé des missions de Louis Delaporte, il est important de préciser qu’il n’est en aucun cas question de pillage des communautés locales. L’immense majorité des pièces d’art ramenées sont des copies en plâtre réalisées grâce au moulage des œuvres originales. Les quelques pièces authentiques de la collection de Louis ont été récupérées avec l’accord des gouvernements locaux.


La mission de Louis Delaporte était une mission d’état au but strictement muséal. Il n’a jamais ramené ces objets afin de se construire une collection personnelle mais pour honorer, protéger et préserver l’art et l’artisanat khmer.
C’est donc une immense quantité de moulages, de sculptures et de dessins que Louis Delaporte tente de ramener en France, d’abord démontées dans des caisses en bois puis chargées dans des bateaux à Saïgon pour rejoindre Marseille. Fabriquer puis transporter toute cette marchandise s’est avéré être une mission extrêmement complexe, technique et périlleuse, et c’est ce qui rend ces œuvres si précieuses aujourd’hui.


De retour en France, la collection de Louis Delaporte a été d’abord exposée au Musée Khmer de Compiègne avant d’être transférée vers le Musée Indochinois du Trocadéro. Elle est aujourd’hui conservée au Musée Guimet à Paris.
Détails de l’exposition
L’exposition Angkor – Louis Delaporte a été rendue possible grâce au partenariat entre le département d’Indre-et-Loire, les héritiers de Louis Delaporte et le Musée Guimet. Elle est partagée entre le logis royal de Loches et le Musée Lansyer, ancien domicile d’Emmanuel Lansyer, peintre contemporain de Louis Delaporte et a reçu le label Exposition d’Intérêt National.


Cette exposition est non seulement très complète, elle est également adaptée à tous les publics avec de nombreux moyens mis en place pour les plus jeunes. Tout au long du parcours, chaque panneau explicatif est accompagné d’un résumé FALC (Facile À Lire et à Comprendre) à destination des lecteurs débutants ou en difficulté.
De plus, plusieurs écrans interactifs sont mis à disposition des visiteurs pour les aider à comprendre l’organisation géographique de l’empire Khmer et d’autres diffusent en continu des vidéos explicatives, notamment sur les techniques de copie et de moulage utilisées par Louis Delaporte et ses hommes pour reproduire les œuvres Angkoriennes.


De nombreux moyens sont également mis en place pour faire de cette exposition une expérience ludique et multisensorielle. Au logis royal, l’exposition se termine avec un pôle de jeu de construction qui permet aux enfants de comprendre les différences entre l’architecture européenne et angkorienne.


Quant au Musée Lansyer, plusieurs bornes sont installées sur le parcours pour stimuler les sens avec des jeux sur la colorimétrie, des odeurs à déceler ou encore des objets à identifier au toucher. Pour les tout-petits, c’est une pièce entière qui a été aménagée à l’entrée du musée avec des jeux adaptés.


A découvrir en famille sans attendre !
Charlotte Eon
Du 22 mai au 21 septembre 2025
Logis Royal, Cité Royale de Loches, 5 Place Charles VII, 37600 Loches
Ouvert tous les jours de 9h30 à 18h
Musée Lansyer, 1 Rue Lansyer, 37600 Loches
Ouvert tous les jours de 10h30 à 12h30 puis de 14h à 17h45
https://www.ville-loches.fr/musee-lansyer-article-3-21-91.html
Musée Guimet, musée national des arts asiatiques, 6 Place d’Iéna, 75016 Paris
Ouvert du mercredi au lundi de 10h00 à 18h00