Marcoville nous invite dans la lumière au musée de Fourvière

Entrez dans le jardin d’Eden et laissez-vous tenter par le fruit du travail de Marcoville au musée de Fourvière à l’occasion de l’exposition Lumières Célestes du 1er avril au 1er octobre 2023. Co-organisée par l’ONG Amour Sans Frontière, celle-ci a pour but la récolte de fonds nécessaires à la construction d’écoles et de points d’eau en Afrique. Elle célèbre également le cinquantenaire de cette association qui, à l’origine créée pour le soutien direct aux œuvres de Mère Teresa, s’investit maintenant de manière totalement indépendante dans des projets d’aide aux plus démunis notamment en Afrique subsaharienne.

Enchanteresse, cette exposition invite le spectateur à un voyage féérique au sein d’un univers unique, celui de Marcoville, fait de poissons, de chérubins, de vierges et d’arbres remarquablement sculptés dans le verre et regorgeant de vie, d’allégresse et de lumière.

Le travail du verre est omniprésent, qu’il soit assorti d’acrylique, d’or, de bronze ou de rouille. Il fait l’identité même de l’exposition et de l’artiste qui s’affranchit pourtant de toute tentative de catégorisation de son œuvre. Pourquoi le verre ? Pourquoi cette matière si délicate et si pernicieuse à la fois, que l’on craint de manier, que l’on se refuse de façonner si ce n’est pour créer de petits objets infimes, menus et fragiles. Parce que le verre est avant tout passeur de lumière, générateur d’éclat, de miroitement. Il suscite une réflexion à la fois lumineuse et intellectuelle. Mais également parce que le verre peut provenir de la récupération. Il peut s’agir d’un matériau usé, vieilli, un déchet tel que notre société le conçoit et c’est celui-là même que Marcoville aime à travailler.

Il sauve cette matière du dépérissement auquel elle était condamnée et, tel un souffleur de verre, lui insuffle la vie. Elle représente à la fois la nourriture artistique de Marcoville mais également une piste de réflexion pour les visiteurs de l’exposition. Elle questionne la notion de nouveau départ, de création ex nihilo et est ainsi porteuse d’espoir, celui qu’avec peu on peut accomplir de grandes choses. L’adjectif grand est significatif ici puisque l’exposition cultive le culte de l’emphatique et de la multiplication. Il est de mise pour parler des innombrables poissons qui semblent se mouvoir en banc et prendre la lumière au travers de leurs écailles cristallines, des chérubins par milliers déployant leurs ailes au-dessus des visiteurs amusés et émus.

Ce foisonnement, ce décuplement a une valeur autant artistique et symbolique pour Marcoville qui parle de la même façon aux passants intrigués comme aux croyants en quête de références bibliques. Il s’adresse à tous les visiteurs, toutes confessions confondues et les invite à trouver leur lumière intérieure. La lumière apparente au service de la lumière intrinsèque. Mais que le lecteur ne se méprenne pas en pensant qu’il s’agit là uniquement d’une connotation religieuse. Cette lumière est belle et bien accessible à tous, nul besoin de croire en Dieu, pour faire l’expérience unique de la quiétude intérieure que suscite cette exposition.

Le visiteur entre au sein de l’exposition par une forêt dense composée d’arbres au feuillage et au tronc parsemés de minuscules morceaux de verre et aux couleurs flamboyantes. Lorsqu’il s’avance dans la salle principale c’est instinctivement qu’il lève la tête vers cette foultitude d’angelots et lorsqu’il ose s’avancer un peu plus, se retrouve nez à nez avec un banc de poisson qui s’emblent l’inviter à les rejoindre et à découvrir le trésor qu’ils cachent derrière eux. Ce trésor ; un disque dont la surface est lisse et le centre est tranchant et à l’intérieur un autre trésor ; un cœur lumineux suspendu qui invoque le visiteur de se pencher afin de le distinguer. Le visiteur est ainsi membre à part entière d’une exposition qui se construit autour de lui, qui l’inclut pleinement dans sa scénographie.

La deuxième salle est remplie de Saintes Vierges, toutes différentes les unes des autres. Certaines ont la peau mate, d’autres noire ou blanche. Certaines sont très ornementées et d’autres plus dépouillées. Mais toutes incarnent la maternité, la bienveillance, l’universalité. Toutes sont une leçon d’humanité.

Lumières célestes ne se targue pas d’être une exposition sophistiquée. Elle se distingue d’ailleurs par sa simplicité. La façon dont les œuvres sont disposées ne relèvent pas d’une théâtralité fabriquée, elles sont habilement ordonnancées et se suffisent à elles même. Facilement identifiables, elles laissent libre court à l’interprétation de chacun, croyant ou non, et c’est cela même la richesse de cette exposition qui respire la solennité et la majesté.

Cassandre Specty

Du 1er avril au 1er octobre 2023

Musée de Fourvière, 8 place de Fourvière, 69005 Lyon

Tous les jours de 12h à 18h