Napoléon n’est plus

Après le décès de Napoléon le 5 mai 1821 sur l’île de Sainte-Hélène, sa dépouille a été déplacée vers ce qui est aujourd’hui le « tombeau de l’Empereur » : l’Hôtel national des Invalides. À l’occasion du bicentenaire de sa mort, le musée de l’Armée présente l’exposition Napoléon n’est plus, avec la volonté pédagogique d’offrir au visiteur différentes clefs pour appréhender les diverses perspectives autour de la mort de l’Empereur, de la réception contemporaine à la postérité de l’événement dans la mémoire collective.

Pour cela, le musée de l’Armée présente Napoléon n’est plus, exposition pour laquelle il s’équipe d’instruments nouveaux pour croiser lesdites perspectives, en convoquant de nouvelles disciplines scientifiques telles que l’archéologie ou la chimie, afin de compléter les sources historiques préexistantes.

De son vivant, les hauts faits de Napoléon étaient relayés par la presse, la peinture de Salon et autres moyens, qu’il employait pour parfaire sa communication personnelle. Lorsqu’il meurt sur une île lointaine, sans sa dépouille sur l’hexagone, l’événement presque irréel de sa disparition suscite l’apparition de nouvelles représentations de la figure de l’empereur. On peut notamment le trouver couronné par la personnification du temps, dans l’œuvre de Jean-Baptiste Mauzaisse, intitulée Napoléon, allégorie. L’homme s’apparente alors presque à une divinité.

L’exposition traite l’événement de sa mort en plusieurs temps. Le visiteur est d’abord invité à découvrir l’environnement dans lequel l’empereur a vécu ses derniers mois, à Sainte-Hélène, période durant laquelle il rédigeait ses mémoires, se sachant condamné du fait de sa longue maladie. On découvre notamment de nombreux documents écrits et dessinés par les compagnons d’exil de Napoléon, qui furent aux premières loges de sa disparition. Le soin apporté à sa propre mort par l’empereur est à souligner, de par ses nombreux écrits mais également par l’autopsie qu’il a souhaité à sa mort, afin de déterminer si le mal qui le rongeait était héréditaire.

Après sa mort, le corps de Napoléon est revêtu de son uniforme de colonel de la Garde et de ses décorations, afin que se tienne une veillée funèbre en son honneur. À cette occasion, des dessins ont été réalisé par différents officiers. Par la suite, l’image de Napoléon dans son lit de mort est devenue un thème iconographique, participant à la constitution d’une légende autour de sa figure.

Enfin le visiteur découvre les réalisations diverses autour des tombeaux de Napoléon, le premier à Sainte-Hélène, une tombe solitaire devenue un sujet romantique en peinture. Le mythe de Napoléon se nourrit d’un imaginaire qui se dispense de l’image de son corps. La seconde tombe documentée est l’Hôtel des Invalides, où les cendres de l’empereur ont été transférées depuis l’île d’exil. Ce tombeau monumental est achevé en 1861. Il devient un symbole essentiel du mythe napoléonien, permettant de lui offrir cadre prestigieux pour conserver sa mémoire éternellement.

L’exposition s’accompagne de la publication d’un catalogue éponyme, Napoléon n’est plus, qui présente un corpus d’essais de spécialistes qui analysent en profondeur les différentes perceptions autour de la mort de Napoléon et l’image développée par la suite.

Cet événement permet de saisir les différentes facettes qui entourent une figure comme Napoléon, aujourd’hui sujet de nombreuses controverses quant aux questions de mémoire collective. C’est une belle occasion pour venir se forger un avis critique sur cet imaginaire collectif, à ne pas rater, au même titre que l’exposition Napoléon, encore !, qui confronte l’art contemporain aux collections du musée de l’Armée

Commissariat d’exposition : Léa Charliquart, Émilie Robbe, Pierre Branda, Chantal Prévot

Julie Goy

Du 31 mars au 19 septembre 2021

Musée de l’Armée – Hôtel national des Invalides, 129, rue de Grenelle, 75007 Paris

Tous les jours de 10h à 18h – Nocturne le mardi jusqu’à 21h

Plein tarif : 14€ Tarif réduit 11€ Gratuit pour les moins de 18 ans

Catalogue : Napoléon n’est plus – Éditions Gallimard – 352 pages : 35€