Neige, de Pauline Bureau

Une jeune fille qui souhaite grandir, une mère qui ne veut pas vieillir. Neige, 14 ans, n’a pas de portable, pas d’amis, mais un journal intime. Son seul confident. Pour se libérer du joug d’une mère oppressante, Neige fuit dans la forêt : « Toutes les règles de ma mère s’impriment en mois au fer rouge […] Sois gentille, sois jolie, soit polie. Coiffe-toi. Qu’est-ce que c’est que ce noir sous tes ongles et ces nœuds dans tes cheveux ? Si tu n’as rien à dire, tais-toi.»

Dans la forêt, univers inspiré des frères Grimm, son parcours est jonché de rencontres : Chris, prince peu charmant qui occupe ses pensées, Delphine, sorte de contre-modèle de Neige, mais aussi un chasseur inoffensif (lui), qui vit en ermite. Blanche ne sait pas encore que c’est à la découverte d’elle-même que ce chemin initiatique mène. Dans ce conte contemporain, mère et fille se perdent, se re-cherchent et se re-trouvent.

Pauline Bureau a travaillé avec la scénographe Emmanuelle Roy pour immerger les personnages dans des éléments terrestres et aquatiques, avec lesquels ils entretiennent un rapport quasi organique. Très vite, on songe à La Psychanalyse des contes de fée de Bettelheim. Le décor d’eau et de forêt symbolise l’inconscient ou la liberté des corps et des mouvements. L’eau, présente sous tous ses états (glace, neige, brouillard) est souvent en adéquation avec le psychisme de Neige, qui finira par fondre pour renaître au soleil.

Pauline Bureau a fait appel à Clément Debailleul, initiateur de la magie nouvelle en France, pour explorer une « magie de l’inconscient, une magie d’apparitions et de disparitions », souvent mise en œuvre à travers des jeux de reflets et de miroir. Le miroir lui aussi rappelle Blanche-Neige, mais si chez les frères Grimm le miroir est symbole de Vérité, dans la pièce de Pauline Bureau, il rend plutôt compte de la distorsion de la réalité qu’il provoque.

 

Faisant la part belle au merveilleux, la forêt de Neige, belle et sauvage, magnifiée par le passage des loups, est un espace où chacun se perd pour mieux se retrouver. Les adolescents trouveront sans doute dans cette échappée initiatique des voies vers la (re)découverte de soi.

Perrine Decker

Photos:  © Christophe Raynaud de Lage

Après son succès au Théâtre de la Colline, 15 rue malte Brun, 75020, Paris

dès le 11 janvier 2024, en tournée  :

les 11 et 12 janvier 2024 à Le Bateau feu – scène nationale Dunkerque

le 25 janvier 2024 Le Cratère – scène nationale d’Alès

les 5 et 6 février 2024 à La scène nationale 61, Alençon, Flers, Mortagne-au-Perche

les 11 et 12 avril 2024 à L’Espace des arts – scène nationale de Chalon sur Saône

les 17 et 18 avril 2024 au Théâtre Cornouaille- scène nationale de Quimper