« Octobre rose : Les Amazones du Pacifique s’exposent »

Dans le cadre d’octobre Rose, la très jeune association « Amazones Pacific» présente sa première exposition artistique caritative au profit des femmes du Fenua (Désigne le territoire en langue polynésienne) atteintes d’un cancer.

La Maison de la culture de Papeete accueille cet évènement majeur de fin d’année.

Grâce à la complicité de photographes du territoire et à travers le prisme de la culture polynésienne, l’originalité de la démarche réside dans la mise en lumière de six adhérentes d’« Amazones Pacific». Elles sont à la fois sujet et modèle. Elles ont individuellement fait le choix de ce qu’elles souhaitaient montrer au public dans une joie de vivre contagieuse.

Il ne s’agit pas d’exhibitionnisme mais d’émotions partagées de survivantes, à l’instar de la solaire amazone marquisienne Marie Sandra Tehevini.

Le parti pris étant d’offrir aux autres et à soi-même « un autre regard sur la maladie », la présidente de l’association, Anne Haiti Perrault, rajoute « qu’une amazone reste une femme ». Elle a elle-même, subi une mastectomie et posé pour l’exposition.

Aider, entourer, accompagner chacune dans la réappropriation de sa féminité après le combat est son cheval de bataille mais cela nécessite des moyens et une visibilité.

Dès la publication de l’affiche dans l’espace public, dix femmes atteintes de cancer ont contacté l’association. Elles sont à ce jour une trentaine dont majoritairement des Polynésiennes.

La circularité du lieu d’exposition renvoie à cette notion d’accueil chaleureux et enveloppant. On entre dans la salle Muriavai comme dans un ventre protecteur. En Polynésie, le ventre est le centre des énergies, de la conscience. L’association joue exactement ce rôle en aidant les femmes à rompre la spirale vers le bas consécutif de l’isolement.

Une sculpture lapidaire spiralée de Stéphane Motard évoque à la fois le lieu, l’esprit et les dangers psychologiques de la maladie, comme un vortex dont il faudra sortir. Sororité versus cancer, l’union fait la force.

Une autre œuvre poétique, en régule, de Claude Morlot renvoie aux rites avec la notion « d’offrande », puis la douceur d’une huile de Benilde Menghini au titre prometteur « Le chant qui berce » nous enveloppe alors.

Les œuvres présentées sont majoritairement des dons qui serviront à financer des maillots de bain pouvant intégrer des prothèses et des cosmétiques palliant les effets indésirables des thérapeutiques.

La traditionnelle couronne de fleurs offre quant à elle une alternative élégante aux perruques. L’amazone Raihei Leboucher-Saquet se dévoile en femme-fleur dans la délicatesse d’un aparima (Gestuelle polynésienne exprimant les paroles d’une chanson).

Outre la série photographique, de nombreux artistes ont généreusement répondu à l’appel sous d’autres propositions plastiques dont le peintre Philippe Dubois ainsi que Teva Victor, sculpteur, tout de rose vêtu au cours du vernissage, rappelant cette citation attribuée à Oscar Wilde « La beauté est dans l’œil de celui qui regarde ». Son œuvre « Mata e Tiki », de basalte et de nacre, symbolise l’être et sa force intérieure. On peut aussi y voir la dualité, le combat intérieur qu’il faudra mener à la fois contre et pour soi.

Amazone dans toute son acception, résolument dans l’action, Anne Haiti Perrault a bénéficié du soutien artistique de Rose Vermande, directrice de la galerie des Tropiques. La mobilisation massive autour de cette action a aussi pour objectif de tendre la main aux malades silencieuses et solitaires dans leur combat, encore trop nombreuses sur le Fenua.

L’adhésion à l’association s’élève à 1.000 francs pacifique soit 8,38 €. Les ateliers proposés, yoga, sophrologie, poterie… sont gratuits.

Artistes : Danee Hazama, Manu’a Vecker-Sue, Micka-M, Seb The Fonk, Bénilde Menghini, Grégoire Le Bacon, Jean-Jacques Mylle, Myriam Stroken, Nadège Gabbero-Gresset, Nathalie Euryale, Pascale Contrino, Philippe Dubois, Claude Morlot, Stéphane Motard, Teva Victor, Sandy Tahiti Créations, Bens Tahiti, Fraid GDMT, JAB pour Ligne TIKI, Atelier Prokop.