Olivier Ratsi, « Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière »

L’incroyable magicien de lumière

Digne d’un David Copperfield, Olivier Ratsi offre un spectacle son et lumière aussi immersif que déroutant. Au cœur de La Gaîté Lyrique, c’est une véritable plongée dans un monde sorti d’un film de science-fiction ou d’une séance d’hypnose.

Avec un titre emprunté au scénariste Michel Audiard, Oliver Ratsi est parfaitement en harmonie avec sa démarche artistique. Travaillant sur le cadrage et la lumière, l’artiste retranscrit à merveille une époque où, une pensée est brouillée par la peur de l’avenir, de l’incertitude. Ce sentiment de ne jamais voir le bout du tunnel, de ne jamais atteindre la lumière. La lumière, cet élément essentiel à notre vie, celle qui nous permet de voir, d’imaginer, qui met en valeur certains moments du quotidien.

L’intention même de l’artiste, est celle de permettre, à vous, regardeur, d’être immergé dans un univers illusoire. Le fil rouge de cette exposition : l’anamorphose. Cette image déformée, trouble et parfois faussée par notre regard, est le cœur même de cette exposition immersive. Véritable expérience visuelle et sonore, l’artiste a choisi de la présenter en cinq actes avec un mot leader : « voir ». Ainsi, il est question de « voir les signes », « voir rouge », « voir fugitif », « voir brut » et « voir le spectre ». Vous l’aurez compris, l’œil est parmi les cinq sens que nous possédons, le plus important du point du vue de l’artiste. Ce n’est pas anodin, qu’Olivier Ratsi décide d’installer son œuvre dans cinq salles, toutes bien distinctes les uns des autres.

L’œil, cet organe essentiel, pour percevoir le monde qui nous entoure, est trompeur. C’est sur cette base que l’artiste joue avec nous. Une tour, creuse, faite de néon rouge présente dans la deuxième salle, aussi vertigineuse que profonde. Erreur. Un miroir, posé au sol, donne ce sentiment d’infini, de vertige. S’allumant et s’éteignant par moments, créant un effet de stupeur ou d’admiration quand enfin, l’œil et le cerveau comprennent qu’ils se sont fait duper, habilement. Un huis-clos, profondément noir, qui tout d’un coup…. prend vie. Des sons résonnent, la lumière s’anime tel un vaisseau spatial horrifique, où potentiellement un monstre se cache. Seuls les contours sont visibles, puis, un couloir et des poteaux, la fumée se mêlant à la lumière, créant une barrière, un mur, entre l’homme et l’espace, tout cela faisant perdre tous repères visuels, physiques et auditifs. Qui se cache dans le noir ? Ou quoi ? Le corps est en état d’alerte, l’imagination est débordante.

La perception est trompeuse, l’artiste le sait, et c’est pourquoi, grâce à l’anamorphose, il laisse le regardeur créer lui-même son œuvre. Ainsi, un point de regard est celui qui permet de voir l’œuvre dans son intégralité, de la voir comme l’artiste l’a créée. Cependant, chacune des installations lumières peut être vue sous différents angles même si celui-ci n’est pas le bon. La perception est trompeuse certes, mais chaque personne à la sienne. Olivier Ratsi le sait. À travers, ses œuvres, l’artiste évoque différents sujets faisant partie intégrante de la vie : le danger, l’abandon, la fuite ou encore la compréhension. Tout l’intérêt de cette exposition, se trouve là, faire une expérience avec l’homme et le faire réfléchir sur sa condition et sa perception du monde qui l’entoure.

Manon Quantin

Photos : Véronique Spahis

Du 18 mars au 11 juillet 2021

La Gaité Lyrique, 3 bis rue Papin, 75003 Paris