Réflexions contemporaines à la Fondation EDF – Demain est annulé… de l’art et des regards sur la sobriété

Depuis 1987, la Fondation EDF s’engage dans divers champs d’action afin de soutenir des projets et participer aux réflexions liées aux enjeux de notre actualité. Ainsi, les initiatives prises par la fondation touchent des causes sociales et environnementales.  Si cette ambition se réalise par des projets en collaboration avec divers organisations à l’échelle internationale, la fondation EDF soutient également la création artistique contemporaine au sein de son espace dédié aux expositions, dans l’ancienne sous-station électrique du 7e arrondissement de Paris.

Au travers des œuvres exposées, le spectateur est encouragé à s’interroger sur notre façon de voir un monde qui nécessite plus que jamais une prise de conscience et des prises d’initiatives afin de le préserver.

Ainsi, c’est sous le thème de la sobriété que les œuvres de 23 artistes différents dialoguent au sein de l’espace de la fondation. Dominique Bourg (philosophe spécialisé dans les questions environnementales) nous explique ce que signifie le terme de sobriété, centre de gravité de l’exposition : «la sobriété, c’est rééquilibrer complètement les différentes dimensions de l’existence alors qu’aujourd’hui on privilégie la consommation dans tous les domaines. […]»

Le commissariat de l’exposition, assuré par Nathalie Bazoche, (responsable du développement culturel de la fondation), Dominique Bourg, et Patrice Chazottes, (Directeur de l’association Clermont-Ferrand Massif Central 2028), mêle deux approches du sujet, à la fois artistique et scientifique. En effet, le spectateur est invité à écouter des chercheurs au fil de l’exposition, grâce à des bornes munies d’un écran et d’un système sonore.

L’exposition Demain est annuléfait en effet dialoguer des œuvres réalisées à partir de médiums différents. Photographies, vidéos, installations, œuvres immersives, elle s’enrichit de créations aux approches diverses.

L’exposition s’ouvre sur l’installation Zen Garden de l’artiste Bianca Argimon. Au travers de l’hyperréalisme, l’artiste attire notre œil, de façon sarcastique, sur une forme d’aveuglement lié à la façon dont notre système économique régit parfois la société.

Dans cette première salle, le spectateur peut également contempler les huiles-sur-toiles qui ont inspiré le titre de cette exposition. Les œuvres de Rero s’adressent directement à nous, l’effet barré et les tournures énigmatiques des phrases nous dirigent vers la réflexion.  

La seconde salle de l’exposition nous propose des photographies. L’œuvre de Leandro Erlich évoque les photographies journalistiques mais elle s’en détache par son aspect proche du surréalisme. Cette œuvre nous renvoie à un thème latent de l’exposition, celui de notre lien à la nature dans une société urbaine.

La suite de l’exposition nous mène au second étage de la salle, où nous sommes accueillis par l’œuvre de Jordan Roger, Burn Them All (2022). Ici, l’artiste se réapproprie l’imaginaire collectif du château de conte de fée, on le conférant d’une tournure plus dystopique. Ce château aux couleurs vives et pastel est incendié. Elle a été réalisée après le passage de la loi « Don’t say gay », votée en 2022 en Floride qui stipule l’interdiction aux professeurs d’enseigner des sujets en lien avec l’orientation sexuelle. Le château est une référence à la société Disney, qui a par le passé financé cet État des Etats-Unis. Une œuvre imprégnée de poésie sombre.

A cet étage, nous pouvons également trouver des installations vidéos et sonores. Deux petites pièces nous immergent dans l’univers de deux artistes, dont celui de Rita Alaoui, avec une vidéo performance. Elle se filme durant la préparation d’un remède naturel ancestral marocain, questionnant ainsi les pratiques de la médecine occidentale.

En face de cette salle, une œuvre tactile, proche du magique, est présentée. Il s’agit de la tapisserie électronique de Chloé Bensahel, réalisée par tissage entre fibres naturelles et fil électronique. En passant votre main à la surface, l’œuvre émet des sons et prend ainsi vie au contact du spectateur.

La dernière partie de l’exposition nous propose des œuvres en deux dimensions – photographies (Marike Schuurman), aquarelles (Franck Lundangi) et œuvres d’encre sur tissu (Odonchimeg Davaadorj) ainsi que des peinture aborigènes (Evelyn Pultara) – en dialogues. Elles interrogent elles aussi notre rapport à la nature, qui constitue dans cette exposition une entité à part entière. En ce sens, les œuvres nous invitent à considérer un rapport à la nature d’ordre spirituel.

Ninon Le Bihan

Du 17 janvier au 29 septembre 2024

Fondation groupe EDF, 6 rue Récamier – 75007 Paris

Entrée libre du mardi au dimanche de 12h à 19h (sauf jours fériés) sur réservation

https://fondation.edf.com/