Un jeune chaman

Premier film de la réalisatrice mongole Lkhagvadulam Purev-Ochir, Un jeune chaman a été sélectionné pour représenter la Mongolie aux Oscars 2024 et a remporté le Prix Orizzonti pour la meilleure interprétation masculine à Venise, du personnage principal incarné par Tergel Bold-Erdene.

Née en 1989, Lkhagvadulam Purev-Ochir obtient son diplôme en réalisation pour poursuivre avec une formation en scénario à la FMU (République Tchèque) en 2015 et un Master de scénariste (The European Movie Masters) en 2018 à l’école KinoEyes. Elle réalise plusieurs courts-métrages comme Snow in September (2022) qui a reçu le Lion d’or du meilleur court-métrage à Venise en 2022 et le Prix du Meilleur court-métrage à Toronto, pour enfin réaliser son premier long-métrage en 2023.

Zé (Tergel Bold-Erdene) à l’âge de 17 ans est tiraillé entre sa vie de chaman et sa vie d’adolescent. Élève calme et sérieux, il n’a pas de réelles occupations à part l’école et le chamanisme. Mais un jour, lorsqu’il rencontre la jeune Maralaa (Nomin-Erdene Ariunbyamba), il délaisse l’esprit de ses ancêtres pour se lancer dans une histoire d’amour où il apprend à vivre comme quelqu’un de son âge. Il se questionne et doute vis-à-vis de sa foi, et sa famille et sa communauté à Oulan-Bator le ressentent…

Entre traditions et tourments intérieurs, Zé tente de trouver sa place.

Un jeune chaman vient nous instruire sur le chamanisme et le démythifier, car la population occidentale a tendance à le considérer comme de la magie. Ce qui n’est pas le cas pour les Mongols, pour eux ça fait partie de leur vie quotidienne, le chamanisme agit comme un rapport naturel entre la mort et les vivants… On découvre le quartier des yourtes, le costume de chaman, ses bottes mongoles et son masque, le rituel accompagné d’un tambour que Zé réalise pour se connecter à l’esprit. Une grande spiritualité et sagesse règnent dans ce film. La réalisatrice a voulu nous faire comprendre leur culture en réalisant ce long-métrage sur le chamanisme, part fondamentale de leur histoire.

Des plans sublimes sur le paysage d’Oulan-Bator – là où a grandi la réalisatrice -, des scènes profondes comme celles où il joue de la guimbarde – instrument de musique vibrant – le soir, un réalisme époustouflant des personnages. Tout est fait pour nous transporter dans un monde qu’on ne connaît pas encore et qu’on a soif de découvrir.

Mais c’est aussi un film sur l’adolescence, un jeune qui est perdu, qui en quête de liberté ne sait plus s’il doit délaisser le chamanisme ou non. Un jeune qui découvre l’amour et tous ces émois et désarrois. Un jeune qui se cherche.

Naïs Carst

Au cinéma le 24 avril 2024