Les légendes souterraines de Codex Urbanus

Les légendes souterraines de Codex Urbanus

Le street artiste parisien, Codex Urbanus s’invite dans les égouts de Paris avec l’exposition « Les légendes souterraines » avant la fermeture des lieux pour rénovation.

Après le Musée Gustave Moreau en 2016 et Aquarium de Paris Cinéaqua en 2017, les Égouts de Paris deviennent le nouveau terrain de jeu de l’artiste. Ce milieu étrange, inconnu et pourtant si proche regorge de nombreux fantasmes et légendes qui, grâce à un savant mélange d’art et de rêverie, s’offrent enfin à nous.

Le parcours imaginé par Codex Urbanus oscille entre œuvres in situ et interventions sur divers supports comme des vieux journaux ou le bureau caché d’Eugène Belgrand, l’ingénieur en charge de la construction.

Pourquoi les égouts de Paris ?

Habitué à travailler à l’air libre sur des murs qu’il choisit dans le 18eme arrondissement, Codex Urbanus est aussi habitué à voir ses créatures disparaitre, nettoyées par les services de la ville. C’est pourtant de lui-même qu’il est venu proposer cette intervention au service de la Propreté de Paris qui gère les égouts. «J’avais fait un bestiaire aquatique à l’Aquarium de Paris en 2017. C’est juste en face et un soir alors que j’en revenais, je suis passé devant le kiosque de l’entrée du Musée des égouts et je me suis dit que ce serait marrant de descendre ».

Comme la Ville de Paris entreprend de grands travaux de rénovation du musée des égouts, qui fermera ses portes du 2 juillet 2018 à début 2020, Codex Urbanus a eu ainsi l’autorisation d’œuvrer in situ. Il investit tout le parcours de la visite (500 m sur les 2 500 km du réseau des égouts parisiens. Son exposition « Légendes Souterraines » questionne la relation de notre imaginaire aux égouts, et emmène le visiteur dans un parcours onirique oscillant entre culture populaire et street art.

Les légendes souterraines

De la mythologie urbaine aux mythes souterrains, à travers ses créatures hybrides, le street artiste parisien nous invite dans un monde où l’imaginaire est roi.

On y retrouve ses créatures hybrides sur les murs (il a dû adapter sa technique pour peindre sur les murs plus ou moins humides), sur des pages de journaux anciens évoquant les égouts de Paris, et même sur une boule de curage !

S’imaginant une sphère terrestre, Codex Urbanus y a dessiné des constellations, toujours avec ses drôles de bestioles. En y regardant de près, chaque créature comporte des molécules de différents psychotropes qu’on retrouve dans les eaux usées de la ville….

Sous verre, quatre encres sur papier évoquent ce qui aurait pu se passer au sous-sol : jardin souterrain, pavillon des eaux, salle de bal et même un fumoir.

Des pochoirs jalonnent le parcours, des créatures avec chacune une lettre – au visiteur de remettre les lettres dans le bon ordre pour découvrir le mot caché. Un indice : le mot commence par la lettre G…


A mi-parcours, un cabinet de curiosité, un vrai bureau meublé avec tout ce qu’il faut pour y travailler ou réfléchir : objets d’écriture, ouvrages, tableaux sur les murs.

Des textes accompagnent chaque œuvre. Des explications ? pas vraiment. En effet, ces textes relatent des légendes urbaines, à savoir ce qui est vrai ou faux…. Mais n’est-ce pas ce qui au cœur même de la légende ?

Le musée des égouts

Au coeur du réseau, on peut y voir le collecteur de l’avenue Bosquet, l’égout élémentaire de la rue Cognacq-Jay, le déversoir d’orage de la place de la Résistance ou encore le point de départ de l’émissaire sud qui emmène une partie des eaux usées de la rive gauche vers la station d’épuration d’Achères ; les entrailles de Paris d’Aubriot, concepteur du premier égout voûté, à Belgrand, ingénieur du XIXe siècle, qui a mis en place le réseau d’égouts actuel. Dans les galeries souterraines, sont évoqués le cycle de l’eau et le travail des égoutiers de Paris.
De nombreuses maquettes ou engins réels utilisés hier comme aujourd’hui sont exposés tout au long des salles aménagées et des couloirs du circuit de visite, on peut ainsi découvrir un « wagon-vanne » pour le curage des égouts, un « bateau-vanne » qui opère dans les grands collecteurs ou bien encore une ancienne pompe de relevage des eaux.

Le musée va fermer ses portes le 2 juillet 2018 pour s’agrandir, s’embellir et être plus accessible. En attendant il est urgent d’y  aller avec « Légendes Souterraines » de Codex Urbanus qui nous plonge dans un monde onirique et surprenant.

Du 2 au 30 juin 2018

Musée des égouts
Pont de l’Alma 75007 Paris
Face au 93 quai d’Orsay
Samedi, dimanche, lundi, mardi, mercredi de 11 h à 17 h (fermé jeudi et vendredi)

Véronique Grange-Spahis