Un Monde Lumineux, Béatrice Helg

Béatrice Helg, photographe suisse influencée par les arts de la musique et du spectacle, met en scène des formes abstraites et des espaces volumineux à l’aide de la lumière. Loin de toute conception réaliste et narrative de la photo, l’artiste laisse l’art s’imposer à elle par sa passion et ses recherches.

Diplômée du California College of Arts and Crafts et du Brooks Institute, Béatrice Helg, en désunion avec ses études, vit grandir sa passion, ses recherches et son besoin de dialoguer avec la photographie.

Réceptive aux notions d’espace et de temps, elle projette en premier temps une lumière sur un fond. Puis grâce à l’alchimie qui s’y opère, elle va créer des matériaux bruts, réalisés pour un « monde imaginé ». S’emparant de ces illuminations, Béatrice Helg entre en vibration et agit sur la matière jusqu’à ce que tout s’accorde.

Les matériaux s’animent à travers cette projection et l’artiste cherche à faire vivre son œuvre par le biais de la photographie. Ainsi, la photographe donne vie à ces volumes intérieurs à l’aide de ce moyen de perception.

Béatrice Helg donne liberté à son cheminement intérieur de pensées traduisant une volonté de lumière. Elle laisse place à un travail de la mémoire et de l’inconscient qui permettent une expression par la continuité de ce cheminement. Elle met ainsi en avant l’importance de laisser vivre le mystère et de l’entretenir car en rationaliser et en rendre l’art raisonnable, le restreint et empêche cette résonance de l’âme.

L’énergie qui émane de la maison Caillebotte entre en coalition avec l’exposition qui se déroule dans l’orangerie. Ce lieu habité et historique ouvre les portes de l’ancienne propriété de la famille Caillebotte en la reconstituant pour se rapprocher au maximum de la réalité d’avant.

Ce qui amène l’artiste à sculpter la matière c’est l’incarnation de l’âme à travers la lumière. Elle transmet une émotion, un état d’élévation presque divin par l’illumination. L’artiste crée ainsi un dialogue entre ces résonances qui reposent sur un équilibre fragile.

Ses œuvres sont l’opération d’un art qui s’impose, qu’elle ne choisit pas et qui ne demande qu’à vivre.

L’artiste met en mouvement la nature qui se fossilise et se métamorphose et est indissociable de l’âme et l’esprit. On assiste ici à une fragmentation de l’univers.  

Dans les œuvres Cosmos, on retrouve la conception du cosmos avec la dualité de la lune et du soleil qui vivent en harmonie. L’artiste s’empare de l’idée d’une lune en mouvement et d’un soleil éclatant. On discerne également une résonance du gong comme premier son qui fait vibrer la matière et l’esprit, comme une recherche d’origine profonde.

De plus, cette quête intérieure nous incite à opérer un voyage dans l’interrogation du grand mystère qui nous met en vibration. L’artiste a trouvé comme une volonté ou un besoin de s’intégrer et de se laisser absorber par le cosmos.

Alors que l’art peut être une ouverture à une quête spirituelle absolue, pour Béatrice Helg il est fondamental d’ouvrir l’esprit et l’âme afin de se connaître soi-même, de transmettre et donner de l’espoir et de la ferveur. L’artiste défend une beauté et liberté de penser qui sont fondamentales dans le développement de la personne, de notre société et de son futur.

Ainsi, le spectateur est invité à devenir actif dans ce dialogue avec l’œuvre à travers la contemplation.

L’expérience de cette exposition passionnante et bouleversante de Béatrice Helg nous plonge dans un univers de résonance et de musicalité qui appelle à la contemplation et au dialogue.

Eugénie Van Rijn

Du 3 avril au 23 juin 2024

Maison Caillebotte / Orangerie, 8 rue de Concy, 91330 Yerres

Tous les jours sauf le lundi de 14h à 18h30

https://www.maisoncaillebotte.fr/