Château en Suède : Sagan révèle les dessous burlesques de la vie de Château

A 28 ans, qu’est-ce qui peut bien pousser Eléonore à rester enfermée dans un château au milieu de la campagne suédoise ? Personnage central de la pièce, on la croit d’abord insensible à la profondeur des sentiments, puis on la découvre au fil de la pièce, oscillant entre légèreté et gravité, entourée d’aristocrates pris dans un tourbillon de désirs et de faux semblants.

Les raisons qui motivent Sébastien à vivre aux côtés de sa sœur Eléonore, sont, elles, beaucoup plus claires, à défaut d’être honorables : s’avouant à lui-même être un « parasite », il se prélasse, aux frais de son beau-frère. Personnage touchant, il s’amuse du spectacle qu’offre son entourage empêtré dans de petits arrangements bourgeois qui rythment ce qui serait autrement un quotidien ennuyeux.

L’arrivée de Frédéric, un cousin qui débarque de Stockholm, va révéler tous les secrets inavouables du Château. A la conquête d’Eléonore, il renonce à partir avant la chute des neiges et se retrouve otage d’un lieu qui entretient le mystère et fait naitre des inquiétudes grandissantes. L’intrigue, à la fois légère et pleine de sous-entendus, se déroule dans un château isolé où les protagonistes, tout en se divertissant et en s’adonnant à leurs jeux de séductions, se confrontent à leurs désillusions personnelles.

Sous la plume acérée de Françoise Sagan, dans un univers absurde et décalé, « Château en Suède » met en lumière toute l’hypocrisie des relations humaines dictées par les désirs et les apparences. Si le texte de Françoise Sagan reste profondément ancré dans les années 60, il trouve néanmoins une résonance dans notre époque contemporaine. Une critique acerbe de la société, de l’amour et de la fidélité qui donne néanmoins la part belle à la vulnérabilité.

Une pièce rythmée, riche de répliques caustiques légendaires de Sagan qui n’épargne dans cette pièce aucun cliché des relations conjugales. La mise en scène d’Emmanuel Gaury et Véronique Viel est minimaliste mais efficace.
Les comédiens, tous d’une expressivité débordante, se livrent à des performances aussi comiques que touchantes.

Toute l’irrévérence et la fantaisie de Françoise Sagan illustrées dans cette pièce

Françoise Sagan, née en 1935, est célèbre pour son premier roman, Bonjour Tristesse, paru en 1954 alors qu’elle n’avait pas encore vingt ans. Ce premier roman alliait déjà savamment les thèmes de liberté et de subversion. S’en suivront une vingtaine de romans, dont La Chamade, Aimez-vous Brahms, Derrière l’épaule, Toxique, et quelques pièces de théâtre.
« Château en Suède » est sa première pièce de théâtre, cette dernière fut récompensée par le Prix du Brigadier en 1960. On y retrouve cette signature propre à Sagan, qui sait mêler l’humour caustique à des situations pleines de non-dits et de tensions sous-jacentes.

Lorsqu’elle décède en 2004, Françoise Sagan laisse derrière elle une œuvre emblématique de la littérature française, marquée par une écriture percutante, un esprit libre et un style audacieux.

Le Théâtre de Poche offre le cadre intimiste idéal pour cette comédie théâtrale

L’écrin intimiste et chaleureux du Théâtre de Poche de Montparnasse se prête parfaitement à cette pièce qui ne se prend jamais au sérieux. La proximité avec les comédiens permet au public de ressentir toute l’énergie du spectacle.

Si vous êtes amateur de comédies où le plaisir du théâtre se conjugue avec celui de la réflexion, ne manquez pas cette pièce, qui saura vous surprendre tout en offrant une critique subtile des relations.

Béatrice Huou

Jusqu’au 9 Février 2025 – Du mardi au samedi à 19h – Dimanche à 15h (Relâche les 25 et 31 Janvier, et les 1er et 2 Février 2025).

Théâtre de Poche Montparnasse, 75 bd du Montparnasse, 75006 Paris
www.théâtredepoche-montparnasse.com