Constant Pape – La banlieue post-impressionniste

Au cœur du Musée de la Carte à Jouer, à Issy-les-Moulineaux, on redonne la voix à un artiste tombé dans l’ombre en organisant une rétrospective, La banlieue post-impressionniste sur le peintre Constant Pape (1865-1920).

En double exposition avec la Ville de Meudon, c’est la deuxième fois que le musée livre une exposition sur le paysagiste Constant Pape, la première s’étant déroulée en 1990.

Une vocation déterminée

Originaire de Meudon, il grandit dans une auberge familiale à l’orée du bois où de nombreux Impressionnistes viennent peindre la forêt. Ces disciples de l’École de Barbizon s’intéressent à lui, devenant ainsi un source d’influence et d’inspiration qui en fait de lui un artiste.

Constant Pape aimait peindre la campagne de la région parisienne, en particulier l’ouest, et c’est ce que l’on retrouve tout au long de cette sublime rétrospective, sous des formats variés.

Certains se laisseront séduire par ses vingt-neuf petits formats représentant pour la plupart les rues de Clamart, là où il avait son atelier. Le peintre joue avec les panneaux de bois sur lesquels il peignait, en les utilisant comme contraste.

Des maîtres comme inspiration

Mais il ne réside pas que des œuvres de ce dernier au cœur des murs de l’exposition, on y retrouve des tableaux de Louis Français, grand paysagiste, (1814-1897) et Antoine Guillemet (1841-1918), qu’on suspecte d’avoir été ses professeurs. Lorsqu’on compare leur travail avec celui de Constant Pape, les ressemblances sont frappantes, on y voit clairement l’influence de ses deux maîtres.

Cela est magnifiquement illustré dès le début de l’exposition par deux tableaux alignés représentant une forêt, l’un de Constant Pape et l’autre d’Antoine Guillemet.

Il n’avait pas seulement des maîtres, mais une grande sphère d’amis artistes qui aimaient le portraiturer : l’Américain Leslie Cauldwell (1861-1941) en pastel sur papier ou encore Gustave Crauk (1827-1905) en sculpture de plâtre.

Issy-les-Moulineaux mise en couleur par le peintre

La ville qui donne lieu à cette rétrospective a elle aussi eu un rôle très important pour Constant Pape, qui aimait la peindre. C’est d’ailleurs pour sa peinture de Salon Les Brillants, Meudon de 1913 qu’il remporte une médaille d’Or au Salon des Artistes Français. Là encore, on ressent l’influence de son maître Antoine Guillemet puisqu’il avait lui-même peint vers 1897 ce paysage quasiment du même point de vue de la butte d’Issy-les-Moulineaux.

À quelques villes d’Issy-les-Moulineaux, à Noisy-le-Sec, on retrouve son œuvre qui tapisse le plafond de la salle des fêtes. Mais d’autres esquisses présentes à l’exposition, auraient pu elles aussi rejoindre certaines mairies d’Île-de-France…  

L’émotion qui nous assiège en parcourant cette exposition, c’est la nostalgie. La nostalgie d’une campagne perdue dans l’urbanisation, la nostalgie du peintre qui regrette cette campagne et qui s’oppose à cette modernisation.

L’urbanisation n’apparaît que par de subtiles touches dans ses tableaux, où la nature est reine…

Naïs Carst

Du 14 février au 13 juillet 2024

Musée de la Carte à Jouer, 16 rue Auguste Gervais, 92130 Issy-les-Moulineaux

Mercredi, jeudi et vendredi : de 11h à 17h et samedi et dimanche : de 14h à 18h

https://www.museecarteajouer.com/