L’Abbaye royale de l’Epau

L’alliance parfaite entre art sacré, la photo d’art, et l’art de vivre

Située aux portes de la ville, l’Abbaye royale de l’Epau est la seule abbaye de France accessible en tram, juste devant la gare du Mans. Elle a été fondée en 1229 par la Reine Bérengère, épouse du Roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion.

Plusieurs fois endommagée et transformée entre la guerre de Cent Ans, la Révolution et la Seconde Guerre mondiale, l’abbaye est finalement acquise par le Conseil général de la Sarthe en 1958, et classée monument historique en 1973.

Dès 1965, l’abbaye accueille de nombreux évènements culturels. Mais c’est surtout avec sa saison photographique qu’elle se distingue depuis plusieurs années.

L’aboutissement du projet de réhabilitation de l’édifice cistercien est d’en faire un lieu transculturel où les différents arts cohabitent en parfaite harmonie avec l’architecture et la nature environnante.

Afin de pouvoir apprécier pleinement toutes les expositions que propose l’abbaye de l’Epau, il vaut mieux prévoir une journée entière.

Le matin dans la fraicheur du magnifique parc arboré, admirez les expositions de la saison photographique 2021. Puis dégustez les produits du Café des moines cuisinés à partir notamment de la production du potager de l’abbaye. Enfin, mettez-vous au frais dans l’abbatiale et l’ancien dortoir pour contempler les œuvres restaurées de la peinture religieuse mancelle du XVII e siècle.

La saison photographique 2021

Arrivé dans ce lieu dépaysant, comme coupé de l’agitation de la ville, on est immédiatement absorbé par l’accrochage de l’exposition photographique, réalisé en parfait correspondance avec la nature.

Véritable voyage photographique et culturel, la saison photographique est présentée du 11 juin au 31 octobre, au sein de l’abbaye cistercienne de l’Epau, mais également dans différents lieux en plein cœur du centre-ville du Mans.

Cette 9e édition de la saison photographique permet de valoriser la culture en exposant les œuvres de 7 photographes autour du thème de « l’itinérance ».

Ce parcours photographique collectif en plein air présente les travaux d’artistes aux esthétiques et approches très diverses.

Cet art photographique trouve un écho particulièrement intéressant dans le parc de l’abbaye, en intégrant parfaitement les œuvres dans l’environnement.

Ainsi, les œuvres de Floriane de Lassée imprimées sur des panneaux en bois et accrochées aux troncs des arbres centenaires de l’abbaye, magnifient les portraits de femmes aux parcours exceptionnels qui luttent pour le droit des femmes, présentes au sommet « Women in Africa », où l’artiste était invitée en 2017.

Les œuvres de Robert Doisneau présentées de part et d’autre d’une allée, ponctuent vos pas vers le côté droit du parc de l’abbaye.

Ces œuvres méconnues nous invitent à découvrir l’univers musical de Robert Doisneau, au-delà des stéréotypes emprunts de nostalgie que l’on attache trop souvent à son œuvre.

Sur l’une des photos on peut voir Boris Vian jouer de la trompette dans un jazz band avec son frère.

Les deux grands cubes permettant l’accrochage des photos de plage sétoise de Sandra Mehl qui s’inscrivent étrangement bien dans ce cadre bucolique.

Avec un regard à la fois amusé et plein de poésie, Sandra Mehl dessine au fil des rencontres un portrait décalé et tendre de la plage des Mouettes et de ses occupants.

Les grandes toiles photographiques de Tomas Munita font corps avec la nature puisqu’elles sont tendues au milieu des arbres utilisés comme support. Ses photos de paysages grandioses s’inscrivent presque comme un prolongement du paysage du parc de l’abbaye.

Tomas Munita a accompagné pendant plusieurs semaines des gauchos, ces hommes qui partent dans des territoires aux confins de la Patagonie pour traquer et rapporter du bétail retourné à l’état sauvage.

Les œuvres de macrophotographie de Michel et Dominique Beucher délimitent le nouveau verger de l’abbaye et sont accrochées ici et là dans le potager permacole.

Photographes et naturalistes, les deux frères proposent une énigmatique déambulation pour aller à la rencontre de l’invisible et entrevoir une nature sarthoise que l’on ne soupçonne pas.

Les créations drôles et piquantes de Nicolas Boutruche, accrochées au mur d’enceinte de l’abbaye, nous racontent l’envers des histoires, et l’envers du décor.

Pour faire la photo de la caravane par exemple, le photographe aura mis huit mois. Au départ, il y a un dessin assez complet pour évaluer le nombre de personnes utiles à la prise de vue.

Ensuite, il fabrique son décor à partir d’éléments photographiés à droite à gauche. Enfin, c’est en studio qu’il photographie les différents modèles dont il aura besoin.

C’est dans la salle capitulaire que l’on peut admirer les photographies de Kim Boske qui mettent en avant le caractère mouvant du temps. L’artiste compose son travail en capturant et en assemblant différents fragments visuels perdus au fil du temps. En découle une superposition d’images qui révèle un phénomène impossible à distinguer à l’œil nu.

Le café des Moines et le jardin permacole

Sarthe Culture, gestionnaire de l’abbaye pour le Département, mène actuellement un grand projet d’aménagement des jardins en permaculture.

Les cisterciens établissaient leurs abbayes dans des lieux et sites ingrats, où les moines devaient défricher et drainer pour que, comme le dit la Règle « le monastère soit construit de telle façon que tout le nécessaire, à savoir l’eau, le moulin, le jardin, soit à l’intérieur du monastère et que s’y exercent les différents métiers ».

Ils étaient en capacité, jusqu’à la Révolution française, de vivre en autarcie grâce aux fruits tirés de l’exploitation agricole de l’abbaye.

Le Département de la Sarthe a l’ambition de redonner sa mission vivrière au site en transformant le vaste parc enclos de murs en jardin cultivé. Afin de bien l’ancrer dans le XXIème siècle, le jardin sera développé selon le système permaculturel qui respecte et utilise les écosystèmes naturels et permet de développer une culture intensive sans éléments artificiels et extérieurs.

En s’inspirant de sa définition de la permaculture (pratique consistant à respecter la nature en prenant soin de la terre et de soi-même et créer un maximum de biodiversité), Clara a comme mission de réaliser ce jardin. Dans le potager dont la forme s’inspire de la rosace de l’abbatiale, elle associe des légumes potagers à des arbustes, des petits fruits, des aromates et des fleurs. La production de légumes est ensuite valorisée et transformée dans le restaurant de l’abbaye de l’Épau. Aujourd’hui, la parcelle est de 1000 m2, puis elle va s’étendre sur environ 2000 m2 pour y intégrer une forêt-nourricière avec des ruches et des poules. Clara s’occupe aussi, en partie, du verger conservatoire, planté en 2017, qui est composé d’une centaine d’arbres fruitiers avec le partenariat de l’association sarthoise des Croqueurs de pommes.

Les visiteurs sont invités à découvrir ce système d’exploitation lors de différents rendez-vous et à goûter ultérieurement les productions dans la nouvelle cafétéria et à la boutique de l’Abbaye Royale.

Ces rendez-vous nature sont au calendrier du site pour découvrir la biodiversité du jardin qui compte plus d’un millier d’arbres.

Trésors d’Art Sacré

Le Conseil départemental de la Sarthe propose à l’Abbaye Royale de l’Epau une exposition d’envergure consacrée au développement de la peinture religieuse mancelle au XVIIe siècle.

Intitulée Trésors d’art sacré – 30 ans de restauration pour le Département de la Sarthe, cette grande rétrospective présente plusieurs parties.

Tout d’abord, sont présentés, sous les voutes de l’église abbatiale, quarante-huit tableaux restaurés au cours des trente dernières années et habituellement exposés dans les églises du département. Le choix scénographique a été conçu afin de favoriser la complète immersion du visiteur entre un traitement de la lumière et un traitement acoustique imaginé à partir de chants grégoriens.

Les œuvres des artistes manceaux ont constitué une sorte de tournant décisif dans la production régionale dont l’évolution a suivi les mêmes directions que les grands courants artistiques parisiens.

En effet, les peintres du Maine ont su prolonger loin dans le siècle le maniérisme, sans pour autant raidir ce courant artistique.

Au cœur de ces quarante-huit tableaux, une installation à visée didactique, prenant la forme d’un tunnel, vient compléter l’expérience immersive du public.

Ce tunnel pédagogique permet de mettre en relation directe les œuvres présentées des peintres manceaux et les œuvres de grands peintres dont les copies circulaient à l’époque.

Enfin, à l’étage, dans les salles de commissions, la seconde partie de l’exposition valorise le travail des restaurateurs d’œuvres d’art, en s’appuyant sur treize œuvres locales, réalisées par des artisans d’arts de la région.

Les enfants ne sont pas oubliés, un livret de jeux pour les 6-12 ans permet aux familles de découvrir l’exposition d’une manière ludique.

Olivia Bellin-Zéboulon

Abbaye Royale de l’Epau, Route de Changé – 72530 Yvré-l’Evèque

Du 19 mai au 30 juin : Ouvert tous les jours de 10h à 19h / Du 1er juillet au 31 août : Ouvert tous les jours de 15h à 19h / Du 1er septembre au 19 septembre : Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 11h à 18h

Renseignements : 0243842229 / epau.accueil@sarthe.fr