Le Miroir de Venise

N’avez-vous jamais imaginé être à la place des personnages dans les livres ? sentir et ressentir leurs émotions, leurs sensations, leur environnement ? Bien sûr que oui ! allez-vous me répondre.

Un livre, un roman, nous fait rentrer dans la peau des personnages, dans un univers particulier qui nous fait vibrer, rire, pleurer, … un univers hors de notre quotidien. Une bulle d’oxygène. Un moment à nous.

Alors imaginez que le personnage n’en soit pas vraiment un, mais un tableau ? au départ une toile vierge sur laquelle le peintre va dessiner puis déposer la peinture.

C’est ainsi que l’auteur, François de Bernard, nous embarque (nous sommes à Venise) dans l’histoire de sa transformation, de sa rencontre avec le monde humain, en commençant dans l’atelier de Maître Jacopo et ses élèves.

Tout a commencé par une commande des frères mineurs, un Spozalizio (Le Mariage de la Vierge), qu’ils refuseront (rejet motivé par la vocation d’austérité des moines, déstabilisés par la gaieté, le faste et le mouvement de ce tableau hors du commun). Si le tableau se construit ainsi – presque sous nos yeux – c’est sa conception du côté de l’œuvre, ce qu’il éprouve à chaque moment – dans sa ‘chair’ et dans son ‘âme’ que nous éprouvons aussi intérieurement…  

Ce tableau va vivre par la suite en dehors de l’atelier, plusieurs aventures au gré de la personnalité de ses différents propriétaires. Ses premières années vont être marquées par la rencontre décisive avec le Nonce Archinto et la belle Nicoletta, petite-nièce de Giorgione. Mais le bonheur de son séjour auprès de l’homme d’église est fugace, car il se trouve pris dans le dédale d’une conspiration criminelle qui menace leur vie.

Cette belle histoire picturale et picaresque (même si nous ne sommes pas en Espagne) ne couvre qu’une période de sa vie. Celui-ci est âgé actuellement de quatre cent soixante six ans…

A vous d’aller maintenant à sa rencontre et de découvrir par son miroir une partie de sa vie et de son époque.

L’histoire  

1550, Venise, quartier du Dorsoduro. Un tableau raconte avec une faconde singulière sa naissance dans l’atelier de maître Jacopo, dit le Tintoret, le petit teinturier. Cette toile magistrale, le maître de la couleur l’imagine vaste, avec des dizaines de personnages en mouvement comme lors d’un bal au palais des Doges. Le Sposalizio (est le fruit d’une commande des frères Mineurs, qu’ils refuseront, mais l’œuvre se forge un destin tumultueux, d’abord sur la Lagune, puis à Bergame et à Ferrare. Sa vision de la société et des hommes est d’autant plus mordante qu’il perçoit le monde en cinq dimensions.

Avec un art qui mélange une érudition, un sens du rythme, et un humour aux limites de la commedia dell’arte, François de Bernard, nous entraîne dans le tourbillon des péripéties et voyages du tableau qui commente avec un regard corrosif et à travers les siècles, le spectacle de la société et des réactions des humains à son égard. Un jeu de miroirs où celui qui observe n’est pas toujours celui qu’on croit. 

L’auteur  

Consultant, philosophe, essayiste, François de Bernard se consacre désormais à la fiction et à l’histoire de l’art, avec un intérêt tout particulier pour le dessin et la peinture italienne et française de la Renaissance au XVIIIème siècle.

Le Miroir de Venise de François de Bernard

Editions Héloïse d’Ormesson – 240 pages – 18 €