À l’occasion de sa réouverture en septembre 2016, le Musée Maillol présente la première exposition d’envergure à Paris consacrée à Ben, figure majeure de la scène artistique contemporaine en France. Rassemblant plus de 200 œuvres issues pour la plupart de sa collection personnelle et de collections particulières, cette rétrospective révèle les multiples facettes d’un artiste iconoclaste et provocateur qui récuse la pensée unique depuis plus de 50 ans.
Artiste audacieux, Ben défie ses contemporains, dépasse les genres et bouleverse les règles de l’art. Son enthousiasme est intact, son énergie débordante. Les idées fusent. Toujours créatif, avec un goût pour la provocation et une perspicacité visionnaire, Ben est guidé par le désir sans cesse renouvelé de créer du nouveau. Pour Ben, si tout est art, il n’est pas d’art sans ego. Ses « je » de mots sont révélateurs d’une perpétuelle introspection et du regard amusé et critique porté par l’artiste sur le monde qui l’entoure. Ben a toujours voulu être connu. Il a même réussi la gageure de devenir un artiste populaire. Au travers de ses écritures, de ses appropriations, il atteint à une vérité dans l’art qui n’a rien perdu de sa pertinence. Entraînant à sa suite de nombreux émules parmi la génération d’artistes contemporains, ses jeux de langage traduisent en réalité une acuité hors normes et rendent manifeste l’héritage de son œuvre.
Depuis la fin des années 1950, Ben dit lui-même : « Je signe tout » – commentant ainsi, par ses images et ses actions, le monde comme un tout. Chaque phrase, aussi brève soit-elle, recèle un immense potentiel de questions capitales sur la vérité dans l’art, le rôle de l’artiste dans la société ou le rapport entre l’art et la vie. Ses écritures couvrent un très large éventail : réflexions intimes ou théories postmodernes sur l’art et jusqu’à l’anthropologie ou la religion. Elles sont le reflet de ses questionnements personnels sur ces thèmes et témoignent d’un esprit critique qui n’hésite pas à remettre en cause tout et tout le monde – y compris son propre ego. Par la manière dont elle mêle les arts, la philosophie et le quotidien, l’œuvre de Ben est unique. À partir des readymades de Marcel Duchamp, Ben perpétue de façon systématique l’idée selon laquelle une œuvre d’art est reconnaissable non pas par sa teneur matérielle mais exclusivement par la signature.
Sa production, à la fois réflexion sur l’art dans ce qu’il a de plus fondamental et intégrant notre quotidien dans ce qu’il a de plus particulier, réussit à faire de la vie un art. Sont ainsi entrés dans son œuvre des univers aussi éloignés du champ artistique que l’ethnisme, l’ego ou la vérité. Ben bénéficie d’une incroyable popularité grâce à ses « écritures » qui allient la plus grande impertinence et la plus grande justesse.
Ben, de son vrai nom Benjamin Vautier, est un artiste français d’origine suisse, né le 18 juillet 1935, à Naples (Italie), de mère irlandaise et occitane, et de père suisse francophone. Il est le petit-fils de Marc Louis Benjamin Vautier, peintre suisse du XIXe siècle. Il vit ses cinq premières années à Naples. Après la déclaration de guerre, en 1939, Ben et sa mère vont multiplier les voyages : Suisse, Turquie, Égypte, Italie…, pour enfin s’installer à Nice en 1949. Il étudie à l’école du Parc-Impérial et à la pension du collège Stanislas.
Sa mère lui trouve un travail à la librairie Le Nain bleu en tant que garçon de course, puis lui achète une librairie-papeterie.
À la fin des années 1950, il la vend pour ouvrir une petite boutique, dont il transforme la façade en accumulant quantité d’objets et dans laquelle il vend des disques d’occasion. Rapidement, sa boutique devient un lieu de rencontres et d’expositions où se retrouvent les principaux membres de ce qui deviendra l’école de Nice : César, Arman, Martial Raysse, etc. Proche d’Yves Klein et séduit par le Nouveau Réalisme, il est convaincu que « l’art doit être nouveau et apporter un choc ». Au début des années 1960, plusieurs artistes tentent de s’approprier le monde en tant qu’œuvre d’art. Ben va signer tout ce qui ne l’a pas été : « les trous, les boîtes mystérieuses, les coups de pied, Dieu, les poules, etc. », reliant l’art et la vie, expliquant que tout est art et que tout est possible en art. En 1965, dans son magasin, il crée une galerie de trois mètres sur trois dans sa mezzanine : « Ben doute de tout. » Il y expose Biga, Alocco, Venet, Maccaferri, Serge III, Sarkis, Filliou… Au début des années 1980, au retour d’une année passée à Berlin grâce à une bourse, il rencontre de jeunes artistes (Robert Combas, Hervé Di Rosa, François Boisrond, Rémi Blanchard, etc.), groupe auquel il donne le nom de Figuration Libre.
Très impliqué dans la scène contemporaine, il soutient depuis toujours de jeunes artistes et donne son point de vue sur toute l’actualité, qu’elle soit culturelle, politique, anthropologique ou artistique, dans ses newsletters régulières et prolixes.
Il vit et travaille depuis 1975 sur les hauteurs de Saint-Pancrace, colline niçoise. Les œuvres de Ben sont présentes dans les plus grandes collections privées et publiques du monde, notamment le MoMA de New York, le Walker Art Center de Minneapolis, l’Art Gallery of New South Wales de Sydney, le Museum Moderner Kunst Stiftung Ludwig de Vienne, le MUHKA d’Anvers, le Stedelijk Museum d’Amsterdam, le musée de Solothurn, le musée national d’Art moderne de Paris, le musée d’Art moderne et d’Art contemporain de Nice.
Exposition jusqu’au 15 janvier 2017
Musée Maillol
61 rue de Grenelle
75007 Paris
tous les jours en période d’exposition temporaire, de 10h30 à 18h30 (vendredi jusqu’à 21h30)
et pour acheter des œuvres de Ben, contacter la galerie Lara Vincy, rue de Seine à Paris !